Par la création d’une bibliographie commentée d’extraits de films de sources variées (INA, Gaumont-Pathé…), il est intéressant d’essayer de comprendre d’une part comment ont été fabriquées les villes francophones et d’autre part comment les villes peuvent tirer profit du cinéma pour mettre en valeur leur territoire. L’idée est aussi d’interroger l’exploration d’un monde urbain francophone par le prisme du cinéma et de réfléchir ensemble à construire un dispositif pédagogique pour aider les Maires à imager leur ville.
Comment lire les villes d’aujourd’hui ? Pour une part sans doute en revenant sur les bouleversements passés qui ont effacé bien des traces en leur substituant d’autres, qui ont marqué les différentes étapes des sociétés, y compris la page délicate de la colonisation. Les archives de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) explorent ainsi les opérations d’urbanisation qui se sont déroulées après la Seconde Guerre mondiale. Elles rapportent le projet de transformation et d’extension du tissu urbain dans toutes les villes, dans le périmètre métropolitain comme dans les territoires colonisés.
Les images de ces archives exposent les chantiers, les bâtiments neufs, l’idée martelée d’un confort amélioré. Les commentaires rappellent les ambitions inspirées par un hygiénisme encore dominant : de généreux espaces publics ; une spécialisation des fonctions urbaines qui se voulait au service des habitants ; des grands ensembles pour offrir les normes de confort au plus grand nombre. Mais les extraits oublient de souligner comment les villes modernes ont fragilisé le patrimoine et les populations. Les quartiers des habitants locaux étaient absolument distincts des quartiers des colons, si bien qu’il n’était plus même nécessaire de faire ce rappel.
Actualité sur Djibouti ; archive INA AFE85005897 ; Collection Actualités Françaises
Comme d’autres extraits de film, ce reportage sur Djibouti fait inventaire des grandes transformations qui ont touché cette corne orientale de l’Afrique. De nouveau, les questions d’hygiène, d’espaces publics, de proximité aux activités économiques (le port) et aux services nourrissent le commentaire tandis que les images aériennes restituent les dimensions et les ambitions des programmes d’aménagement.
Le thème général développé est la conception urbaine aérée dont la place de la nature en ville, la forte expansion urbaine et la construction ou la modernisation d’immeubles et d’équipements publics (écoles, usine électrique…). Seuls les commerces sont réputés inchangés… Mais on n’en voit qu’un reflet lointain, à l’intérieur du nouveau marché.
Bibliographie complémentaire : Uzel B. La fondation de Djibouti. In: Revue d’histoire des colonies, tome 39, n°137,1952. pp. 63-75. URL : La fondation de Djibouti – Persée (persee.fr)