Ramiro Segura a conduit de nombreuses enquêtes de terrain portant sur les dynamiques de ségrégation, les mobilités et les expériences urbaines dans les agglomérations de Buenos Aires et de La Plata. À partir de ses recherches, l’anthropologue argentin invite à un double décentrement :

• Regarder l’urbain depuis ses périphéries

“Ce qui m’intéresse fondamentalement, c’est le point de vue périphérique, comprendre comment on habite la ville, l’espace urbain, depuis la périphérie. Quand j’ai commencé le travail de terrain dans une villa très éloignée et très pauvre du Grand Buenos Aires, puis dans des quartiers populaires de La Plata, ce qui m’est tout de suite apparu évident est le fait que l’expérience sociale des habitants de ces périphéries était loin de se limiter à leur quartier de résidence. Cela m’a conduit à m’intéresser à la question de la mobilité, à essayer de comprendre la façon dont une personne qui vit dans un quartier périphérique se déplace, quels sont ses circuits et ses représentations de l’espace”.

• S’affranchir de théories urbaines largement produites à partir de quelques grandes villes du Nord (Berlin, Paris, New York, Los Angeles ou Chicago).

“Que manque-t-il à telle ville pour connaître une expérience moderne correspondant à celle de Paris au XIXe siècle ? Ou qu’a-t-elle en trop ? Trop d’habitants, trop de pauvreté, trop de conflits… Il s’agit là d’une lecture ethnocentrique du phénomène urbain. Les paradigmes en études urbaines s’appuient sur des expériences très singulières, et on regarde le reste à l’aune de ces paradigmes, sans que nous en soyons nécessairement conscients”.

? LIRE L’ENTRETIEN SUR MÉTROPOLITIQUES réalisé par Eleonora Elguezabal et Clément Rivière, qui l’ont inviter à présenter ses recherches et à partager ses réflexions relatives aux théories qui structurent le champ des études urbaines.