La transformation des milieux urbains en espaces plus compacts de vie, de travail et de loisirs peut suivre des trajectoires très différentes d’une ville à l’autre, en fonction de leurs caractéristiques actuelles, leur rythme de croissance démographique et leurs ambitions.
Juste Rajaonson, Professeur en études urbaines, Université du Québec à Montréal (UQAM), nous rappelle qu’il existe de nombreux exemples innovants de densification pour des grandes villes comme Québec et Montréal, mais aussi pour des villes de taille moyenne et de petites villes avec des choix d’aménagement, de design et d’architecture potentiels de grande qualité très diversifiés.
Il s’exprime ainsi : “C’est payant pour une ville de se densifier, à condition que cette densification soit planifiée et adaptée à chaque contexte territorial (…). En somme, densifier ne signifie pas condenser plus de personnes dans un espace plus restreint. Il s’agit plutôt de tirer parti de tout l’espace urbain déjà disponible et de l’utiliser de façon créative et innovante en anticipant les besoins sociaux et économiques ainsi que les préoccupations environnementales à court, moyen et long terme”.
Selon lui, les arguments les plus populaires en faveur des villes plus compactes sont :
- D’ordre environnemental : soutenir des mesures de densification serait une façon efficace pour les États d’accélérer la réduction des émissions de GES sur leur territoire. En effet, les villes étalées, peu denses et compartimentées seraient propices à une consommation individuelle élevée de ressources, d’énergie et d’espaces menant à un niveau élevé d’émissions de GES nationales.
- D’ordre économique : on parle ici des économies d’agglomération, soit les profits et les gains de productivité dont les entreprises, les commerces et les consommateurs bénéficient en étant regroupés dans un même lieu. La densification pourrait faire partie d’un cocktail de solutions au besoin manifesté par de nombreuses villes de trouver de nouvelles sources de revenus et de diminuer les dépenses publiques. Lorsqu’elle s’inscrit dans une stratégie de développement urbain local et régional plus large, la densification des espaces déjà urbanisés devient un vecteur de développement économique, de qualité de vie et de soutien au développement économique local et régional.
- D’ordre attractif : le développement de quartiers mixtes de haute qualité contribue à rendre la ville plus attractive auprès de futurs citoyens et lorsqu’elle est bien planifiée, la densification suivant une approche axée sur la mixité rend également la ville plus attractive à des entreprises et des commerces de biens et de services spécialisés et de meilleure qualité.
- D’ordre démographique : en commençant à mieux organiser et préparer le territoire dès maintenant, les villes éviteront de subir le flux démographique annoncé par le Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat (GIEC) et pourront plutôt planifier une offre urbaine continue en fonction de la demande sur un horizon de long terme.