A l’occasion du colloque internationale “Villes et Santé mentale”, qui s’est tenu à Nantes du 1er au 3 décembre 2022 et dont l’AIMF était partenaire, les Maires et Fédérations de collectivités, affirment avec détermination que la santé mentale doit occuper une place à part entière dans la conception et la mise en œuvre des politiques publiques : “Il est de notre responsabilité directe de construire des villes favorables à la santé, sans oublier la santé mentale”.
Ce colloque international, organisé à l’initiative de Nantes métropole, a rassemblé experts, élus et citoyens sur les sujets de ville et de santé mentale. Plus de 800 participants étaient annoncés pour cette rencontre pluridisciplinaire entre spécialistes de la santé mentale, médecins psychiatres mais aussi tous les spécialistes du sujet, d’une part, et les aménageurs, les urbanistes et les animateurs des villes d’autre part. Parmi eux, Lionel Prigent, dont vous lirez sa synthèse ici.
Questionnements :
- Que peuvent les villes et tous ceux qui peuvent être mobilisés ?
- Pourquoi il est important que les villes ne soient pas seulement des lieux fonctionnels mais d’abord des lieux de lien ?
- Comment les actions peuvent-elles être mises en œuvre localement au plus près des personnes ?
- Quelle place donné au système de santé ?
- Comment mobiliser l’ensemble des acteurs concernés (professionnels de santé, élus mais bien entendu les personnes et leur famille à l’instar des conseils locaux de santé mentale) pour accompagner et éviter la stigmatisation ?
- Comment refaire lien avec l’ensemble de la ville, y compris les mondes de l’entreprise et de l’université ?
- Comment travailler dans une interdisciplinarité bien pensée ?
- Comment s’attaquer aux angles morts d’aujourd’hui (inégalités de santé, représentation de la maladie mentale, passage d’une culture de soins à une culture de prévention) ?
Thèmes (Quatre thèmes ont été discutés par des panels d’experts et des représentants d’élus) :
- Le cadre de vie : imaginé bien avant le début de la crise sanitaire, ce colloque international a permis de rappeler l’importance du cadre de vie pour les habitants et l’attention que les politiques publiques doivent y accorder, non seulement comme un principe général mais aussi comme une attention particulière à tous les aménagements, y compris dans les détails tel que le rôle de la nature en ville. Cette attention a été soulignée par Paola Vigano, architecte-urbaniste, qui appelait à une ville poreuse et à une métropole horizontale pour mieux accueillir tous les habitants. L’urbanisme est un des outils de la santé publique, dans une culture de la prévention.
- La place du travail : Didier Lepelletier, Président du Haut Comité de Santé Publique, a rappelé qu’on entend lutter contre la sédentarité galopante, alors qu’on met les enfants assis sur une chaise 8 heures par jour. Il faut travailler la santé mentale tout au long de la vie, la prendre en compte dans toutes les politiques et envisager l’impact sur la santé de toutes ces politiques publiques. Selon Nicolas Chaignot Delage, Chercheur en santé au travail, nous sommes entrés dans un monde gestionnaires qui méconnaissent les réalités du travail humain. Cela conduit à une dégradation du travail qui conduit à une dégradation de l’estime de soi jusqu’à une souffrance éthique. Or des mesures peuvent limiter les souffrances au travail et prévenir les risques liés à la santé mentale des travailleurs, tel que le droit à un environnement de travail sûr et sain et l’organisation du travail pour qu’il ne vienne pas à l’encontre des besoins physiologiques de l’être humain.
- Les arts et le sport : selon Nathalie BONDIL, Directrice du musée et des expositions de l’Institut du Monde Arabe (Paris), l’art fait du bien à la fois collectivement et individuellement. Si le soutien aux artistes, aux collections et à l’histoire reste au cœur de la mission du musée, de nouvelles tendances élargissent sa mission. Nathalie Bondil est à l’origine du mot « muséothérapie » et l’Université de Montréal travaille sur la musicothérapie. À Abidjan, l’art urbain est présent partout et cela a conduit à proposer de colorer la ville. Selon Simon Davies, vice-président de la fondation AIA “Architecture, Santé, Environnement”, les liens seraient entremêlés entre santé mentale, santé physique et santé sociale. L’activité physique et sportive doit être transverse.
- L’attention aux publics en difficulté : Nul n’est à l’abri de ce que l’on désigne avec euphémisme « un accident de la vie » ou un traumatisme, à tout âge : une maladie, une séparation, la perte d’un emploi, la difficulté de rebondir et de se reconstruire… Chacune, chacun, dans une situation de risque, peut devenir vulnérable. Une récente enquête en France, en septembre, indiquait que 2/3 des personnes interrogées connaissent au moins une personne, de leur famille ou de leurs amis qui se trouve dans une réelle pauvreté. Pour certains, ce sont des troubles psychiques qui ont conduit à la précarité et à l’isolement. Pour les autres, à l’inverse, c’est la précarité, les difficultés matérielles, parfois ténues, une voiture qui tombe en panne, une facture impayée, qui plongent dans une spirale qui augmente les facteurs de risque sur la santé et particulièrement sur la santé mentale. Les problèmes de santé mentale ne sont pas que dans des villes mais aussi dans des lieux où l’on a laissé des marginalités dont on ne s’occupe pas. Il convient de redécouvrir la relation aux autres par de petits exercices.
Rôle des villes :
Chaque séquence était ouverte par les témoignages enregistrés d’habitants des différentes villes présentes au cours de cette rencontre : Abidjan, Ouagadougou, Nantes, Seattle… Au moment même où les crises se succèdent, nombre d’intervenants ont mis en évidence le rôle spécifique des villes, qui concentrent les services et les moyens d’accompagnement et l’attractivité des villes, leçon contre-intuitive alors même que le message ordinaire semble plutôt une tentation du retour à la campagne.
La ville peut pourtant proposer un cadre varié et accueillant, rassemble les emplois, sait accueillir l’art et le sport, enfin, elle est, plus encore dans les moments de difficulté, le refuge privilégié des personnes les plus vulnérables. Les témoignages et les tables rondes ont exploré des initiatives concrètes des villes et ont mis en perspective les retours d’expérience des chercheurs et des experts. Croiser villes et santé mentale est une initiative féconde. L’appel de Nantes, qui a conclu les travaux, a réuni les villes et leurs représentants autour de quelques grands principes que les débats ont éclairés.
? Découvrez l’Appel de Nantes, adopté à l’issue du Colloque “Villes et Santé Mentale”.
?️ Pour rejoindre l’appel de Nantes, vous pouvez indiquer la mobilisation de votre ville ou réseau en envoyant un e-mail à [email protected] et en joignant votre logo HD.
? Retrouvez l’ensemble des capsules des villes participantes destinées à valoriser les paroles de citoyens du monde sur la chaine YouTube du Colloque