Selon Monsieur Ousmane SOW, architecte-urbaniste et Directeur de l’Agence d’Urbanisme du Grand Bamako, pour transformer le domaine bâti à Bamako, en préférant l’usage des savoirs vernaculaires plutôt que l’usage du béton, l’idée serait de revenir aux circuits courts, à l’économie circulaire et aux matériaux traditionnels et de reconnaître notamment l’architecture traditionnelle et le bâti ancien.
Trop souvent l’architecture ancienne est reléguée au second plan au profit des constructions internationales en béton, en verre et en acier avec des matériaux importés très couteux et très peu adaptés au contexte local. Or il devient utile de trouver des solutions de compromis, structure en béton et matériaux traditionnels bien souvent naturels et décarbonés. “Il convient donc de manière urgente de changer les mentalités et de sensibiliser rapidement les habitants et parties prenantes de la construction, aux façons traditionnelles de construire, notamment en terre, ce que fait l’Agence urbaine du grand Bamako pour animer le débat public sur la question spécifique de la part de l’habitat sur les questions de durabilité“.
Le Mali a une âme architecturale universellement connue : “Je fais allusion à Djenné, je fais allusion à Tombouctou. L’architecture de terre on en a. La génération avant nous a développé tout un savoir-faire dans cette architecture de terre. Mais nous architectes qui avons étudié ailleurs, nous n’avons pas pu faire cette transition entre notre culture locale et ce que nous avons appris dans les instituts d’architecture. C’est ça le drame”.
Il y a des bâtis traditionnels construits en terre qui résistent encore aux constructions en béton : “Je parle des premiers quartiers de Bozola, de Médina-Coura et puis du Darsalam, qui sont les premiers quartiers qui se sont développés autour du quartier administratif créé par les colons. Tous ces bâtis-là sont en rez-de-chaussée, donc il n’y a même pas de R+1. Mais aujourd’hui ils sont en train d’être convoités par des promoteurs immobiliers parce qu’ils sont dans des zones où la plus-value est élevée. Ils les convoitent pour détruire ces bâtis-là et les remplacer par du béton avec un rez-de-chaussée commerce sous forme de bail. Donc on est en train de muter, c’est-à-dire d’abandonner complètement ces constructions en terre vers le béton parce que ce dernier ne nécessite pas d’entretien annuel contrairement à la maison en terre, dont il faut faire le crépissage à l’approche de chaque saison des pluies et c’est ce travail-là qui décourage les propriétaires des maisons en terre traditionnelle”.
? Pour découvrir l’entretien Urbanisme en Francophonie d’Ousmane Sow
? Article à lire dans le centre de ressources : Repenser l’habitabilité planétaire depuis les villes africaines