Jérôme Chenal, la passion des villes et de l’Afrique

Spécialiste des cités africaines, l’urbaniste jurassien travaille depuis vingt-trois ans entre deux continents, l’Afrique et l’Europe, nourrissant ses réflexions de ce double regard.

Jérôme Chenal aime humer l’air des villes. S’imprégner de leur énergie, de leur ambiance, de leur lumière. Se poser sur la terrasse d’un café et observer les gens pour comprendre les comportements et ces petites choses qui révèlent la hiérarchie des valeurs.

“Il faudrait réfléchir à ce qu’on est en train de faire, au lieu d’inventer à chaque fois un système qui nous permet de continuer comme avant”, Jérôme Chenal.

Il aime aussi, quand il sort courir, triturer les idées pour en faire des chroniques ou d’autres formats courts.

“La majeure partie de mon travail consiste à écrire des e-mails, échanger par WhatsApp et faire des appels téléphoniques”, résume-t-il dans un rire.

Depuis neuf ans, cet architecte devenu urbaniste dirige la Communauté d’étude pour l’aménagement du territoire (CEAT) de l’EPFL, qui mène des recherches multidisciplinaires sur les questions urbaines.

Quand on est né et qu’on a vécu dix-huit ans à Porrentruy, soit on adore la campagne, soit, à un moment donné, on se laisse fasciner par les grandes villes“, s’exprime-t-il.

Sa deuxième casquette, celle de directeur académique du centre Excellence in Africa (EXAF), autre entité de l’EPFL, promeut comme son nom l’indique l’excellence en recherche sur l’ensemble du continent africain. Par exemple, un projet est en cours sur les venins contre la maladie de Parkinson, et un autre sur l’utilisation de végétaux non comestibles pour la production de biocarburants.

“Œuvrant aujourd’hui dans 18 contrées d’Afrique, j’essaie toujours de maximiser. Si je n’ai pas au moins trois choses à faire dans un pays, je n’y vais pas. Et le but est quand même que je sois ici avec mon épouse et nos deux enfants, pas tout le temps à l’autre bout du monde !”, explique-t-il.

A voguer depuis vingt-trois ans entre deux continents, l’Afrique et l’Europe, l’homme a appris à jongler avec les différences culturelles. Il est devenu très sensible au fait que les solutions globales transposables d’un contexte à l’autre n’existent pas, que ce soit en urbanisme ou dans le domaine de l’éthique.

Ce qui m’intéresse, quand quelqu’un a un cadre de référence différent du mien, c’est d’essayer de le comprendre. Quand on ouvre la possibilité d’un monde multiple, on découvre une richesse incroyable“, déclare-t-il.

L’urbaniste invite aussi à déconstruire certaines idées, comme la densification à tout prix, qui peut-être bien pour la mobilité, mais pas en termes d’îlots de chaleur, de pollution, de biodiversité et d’imperméabilité du sol. Il s’inquiète que l’on ait perdu, à cause de cette injonction, la relation entre climat et formes urbaines;  et trouve qu’

“On a beaucoup à apprendre des villes du sud, bien plus résilientes face aux aléas”, conclu-t-il.

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