Pour Philippe Madec, la maîtrise de la langue est essentielle pour partager les concepts et les solutions et pour dire précisément les choses et avec puissance. Mais ce n’est pas la francophonie qui fabrique les villes et les cultures selon lui, même si l’on pourrait questionner la relation très forte entre la langue, une société et son milieu. Il caractérise plutôt de villes francophones, des villes qui ont un passé colonial en commun et des villes qui ont été fabriquées sur un même plan orthogonal. Afin de porter la francophonie, les élus peuvent engager des politiques culturelles et des rassemblements autour de la langue franco-française. Le maître d’œuvre doit quant à lui être en posture d’étranger bienveillant pour la bonne réalisation des projets urbains et le respect de la pensée urbaine francophone.
Il a habité en Bretagne, dans le petit village de Carantec, il a habité à Paris, à Essaouira, à Montréal, et dans des villes non francophones, aujourd’hui il habite à Bruxelles et fort de cette expérience, selon lui, ce n’est pas la francophonie qui fabrique les villes et ce n’est pas la francophonie qui fabrique les cultures.
“On n’habite pas à Carantec comme à Montréal ni même à Bruxelles, pas davantage qu’à Essaouira ou à Casablanca. Ce n’est pas la langue qui fabrique les villes, c’est une relation très étrange, très forte et très puissante entre une société dans laquelle la langue à un rôle à jouer et son milieu“.
Ses activités ont, en partie, lieu dans des régions francophones, il a d’ailleurs commencé à travailler pour Aimé Césaire à la Martinique. Et puis, il a eu la joie de travailler à Nouméa, à la Réunion, au Maroc… mais toujours dans une posture d’étranger bienveillant.
“Il est important de se nourrir de ceux qui nous invitent et donc ça commence par une bienveillance, que moi je fonde dans le silence. J’aime me taire pour entendre un territoire me parler, j’aime me taire pour voir ce qui se passe et pour comprendre à quel point la complexité des relations, qui sera au cœur du projet et respectée est bienvenue“.
Il caractérise de villes francophones, Nouméa, Fort de France et à Pondichéry.
“Ces trois villes-là sont des villes qui ont été construite par des bagnards, ce sont des villes de la colonisation qui ont toutes été fabriquée sur un plan orthogonal“.
Mais plus qu’une histoire, la francophonie est selon lui :
“La francophonie, c’est la parole, le sens et la voix et je pense que les élus peuvent engager des politiques culturelles autour de la langue franco-française. Les instituts français et les alliances françaises sont des outils incroyables de valorisation de la francophonie et aide à faire en sorte qu’il y est une présence de la pensée de l’urbain francophone“.
Son message à destination des élus est que d’une part :
“Chaque commune doit construire un nouveau projet et du coup inventer sa nouvelle identité (…). L’identité a toujours été un projet et c’est une espèce de paraisse de croire que c’est juste un héritage ou une peur du projet, une peur de l’avenir finalement”, d’autre part il considère que “L’écriture est indispensable pour pouvoir aider à clarifier une pensée et à la transmettre“.
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