Selon Boulbir Laala, Docteur architecte-urbaniste algérien : “Il est grand temps de créer l’Ordre National des Urbanistes Algériens (#ONUA) pour l’expression d’une vision collective et stratégique de l’urbanisme”.

La production et la transformation des villes algériennes a besoin, plus que jamais, de professionnels qui soient formés à l’urbanisme au plan théorique et pratique, qui soient entraînés et accompagnés mutuellement dans un cadre organisé et structuré pour se faire partager un savoir-faire des plus durs à communiquer : construire des fragments de ville. Cette corporation technique, foncièrement assez proche de la sphère politique, mais aussi économique a besoin de s’exprimer publiquement pour attirer l’attention sur certains enjeux, et dérivés, et pouvoir offrir ses multiples services à la collectivité et être rémunérée en conséquence.

La qualité du cadre de vie observée dans les villes et territoires, l’inefficacité des règles et des instruments d’urbanisme, les catastrophes naturelles et les risques technologiques sont autant de méfaits qui témoignent de la démission collective des urbanistes algériens à l’égard des grandes questions.

Ces urbanistes dont on ne sait pas encore s’ils sont des architectes, des aménageurs, des géomètres ou des ingénieurs de travaux publics, exercent un peu partout, en public et en privé, et restent volontairement muets sur de nombreux sujets d’actualité, comme la révision de la loi sur l’urbanisme ou le Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT). Chaque corps de métier semble revendiquer la mission et le rôle d’urbaniste, en l’absence d’un code qui précise les contours du métier d’urbaniste .

Si les édiles sont plus réservés en direction de l’architecture et la construction, laissant le soin aux hommes de métier, ils n’hésitent pas à localiser des villes sur des sites ex-nihilo, à urbaniser des montagnes, à remblayer des oueds .. Pour que les actions publiques urbaines ne soient plus le fruit de hasard moral, il faudrait bien que les décideurs soient entourés de professionnels capables de les faire ressourcer en stratégies urbaines et en expériences éprouvées, au lieu de confier l’avenir des villes à des initiés, ou à des amis.

L’ordre des urbanistes pourrait jouer le rôle de conseiller, de force de proposition à l’occasion de l’élaboration ou révision des outils d’urbanisme ou l’évaluation de politiques publiques. L’ordre est là à observer les pratiques, à prendre acte, à exprimer son opinion au mieux de l’intérêt de tous.