Table ronde #4 : L’informel, un enjeu pour l’urbanisme ?

Dans le cadre de l’initiative Urbanisme en Francophonie portée par l’AIMF, une série de réflexions autour des concepts de l’urbanisme francophone est mise en débat. Chaque table ronde, organisée en visioconférence autour d’une grande thématique, se décline dans plusieurs webinaires.

Être informé du programme des tables rondes et y participer.

L’urbanisme informel (UI) agrège, dans une expression imprécise, bien des formes de construction et d’organisation des villes qui ont pour point commun de se réaliser en marge d’un urbanisme administré, organisé sur des bases politiques, économiques, juridiques et qu’il faudrait qualifier de « formel ».

Étant donnée sa place réelle dans les villes du monde entier, sous l’une ou l’autre de ses formes, le thème de l’urbanisme informel mérite une attention particulière :

  • Parce qu’il constitue une réponse possible (et même effective) dans des territoires en forte croissance ;
  • Parce qu’il nous faut envisager ses impacts alors que nous devons faire face à des défis mondiaux (et communs) considérables.

Comme l’urbanisme informel comporte une diversité de contextes, il déploie de nombreuses problématiques. Dans de nombreux pays du Sud, l’informalité représente une nécessité pour des citoyens qui décident d’autogérer leurs lieux de vie et de travail, comme le montre le montre Martin Luther Djatcheu Kamgain dans son ouvrage consacré à « L’habitat précaire en Afrique subsaharienne ». Dans les villes du Nord, les pratiques informelles s’imposent plutôt comme une tentative de réparer la ville. Le livre « Urbanisme informel, pour un nouveau droit à la ville », d’Ina Wagner et Jean-Jacques Terrin, nous invite à considérer que l’informalité peut s’avérer inspirante pour aborder certains problèmes de gouvernance auxquels les villes sont actuellement confrontées. L’informalité peut être une source d’urbanité et de créativité qui favorise l’intégration et la sociabilité. Elle participe d’un nouveau récit urbain combinant nécessités, aspirations, désirs même, et parfois résistance, voire indiscipline.

L’adjectif « informel » utilisé pour qualifier des parties de villes, des quartiers qui sont en « irrégularité » recouvre ainsi différents qualificatifs, que les experts et les chercheurs mobilisent pour préciser l’angle de leur étude :  précaires, sous-intégrés, illégaux, taudis ou, selon les villes, bidonvilles, favelas, slums, barriadas… La diversité de ces dénominations reflète la difficulté à définir ces espaces. Mais cette notion va bien au-delà de ce qui est illégal. Tout ce qui est illégal est informel, mais toute informalité n’est pas illégale. Ce qui est mobilisé et rassemble ces deux possibles est plutôt une auto-organisation consciente ou inconsciente de l’espace urbain, faite en dehors du contexte institutionnel et légal qui encadre les activités d’aménagement urbain, de construction ou d’urbanisme. Cela se traduit de différentes façons : insuffisance des services de base ou de la qualité de la construction, espaces non reconnus par les autorités, détournement des contraintes du contexte formel…. En réalité le contexte et les pratiques légales et institutionnelles jouent un rôle majeur jusque dans la configuration des quartiers informels. En effet, l’urbanisation dite formelle oriente les pratiques informelles, détermine l’emplacement des quartiers et participe à leur production. Ainsi il y a une responsabilité collective des États et des villes à laisser des populations s’installer, braver des risques ou se dispenser de toute infrastructure. Se pose donc la question des moyens d’action qui peuvent être mis en place par la puissance publique, pour laisser faire, pour éradiquer ou pour accompagner ?

L’urbanité de beaucoup de villes d’Afrique est considérablement marquée par ces espaces informels qui sont autant de quartiers vivants, où la plupart des fonctions urbaines sont présentes, à commencer par l’habitat et la production. Chaque ménage doit organiser son propre espace et l’intégrer entre les espaces voisins, dans une dynamique de construction permanente de l’urbain. Et ce sont souvent les populations défavorisées qui doivent inventer de la sorte des économies leur permettant de survivre. Mais dans leur ensemble, ces espaces informels sont aussi des foyers de production économique qui profitent à tout le territoire et qui doivent s’intégrer dans leur environnement géographique et social (qui tient compte des us coutumiers). Et toutes les activités de production de biens, de services (y compris les plus sophistiqués) peuvent y être installées, jusqu’à contribuer à plus de la moitié de la valeur ajoutée dans les aires urbaines de pays émergents ou en développement.

Si l’on envisage une régularisation ou une planification de l’habitat informel dans les villes, toute nouvelle politique de l’urbain devrait par ailleurs se fonder sur le principe de cette informalité et de cette auto-organisation, qui participe du jeu des acteurs, et tenter d’en inférer de nouvelles manières de faire. Cette quatrième table ronde entend s’intéresser à la coresponsabilité des Présidents et des Maires pour réduire les écarts de l’urbanisation et trouver des solutions durables aux développement des villes.

Webinaire 1 : L’urbanisme informel : diversité des contextes

Mardi 24 octobre 2023 (12h30 – 13h45 heure de Paris)

Dans ce premier webinaire, il s’agira d’analyser des formes, des limites, des caractéristiques du caractère informel des villes. Nous verrons de quoi il retourne sous cette notion d’informalité, tant au niveau des populations concernées, des réalités culturelles et anthropologiques que des règlementations. Nous poserons le cadre de la diversité des contextes de l’informel. Ce premier temps sera aussi l’occasion de rappeler les degrés de fragilité environnementale, économique et sociale (clientélisme…) auxquels sont confrontés ces espaces informels : crises pandémiques, sismiques, industrielles…

Nous tenterons de trouver des réponses aux questionnements suivants : La ville formelle et la ville informelle sont-elles destinées à s’accorder ? Est-ce que l’urbanisation informelle participe à améliorer le sort des gens ? Quelles sont les activités économiques et de service qui relève de l’informel ? Quels sont les coûts d’urbanisation de cet urbanisme informel ? Quelles sont les pratiques intermédiaires ou spécifiques de la construction des quartiers informels ? Comment les États peuvent reprendre la main pour organiser l’urbanisme informel ?

Comité de pilotage :

  • Coordination : M. Lionel PRIGENT, Urbaniste, Économiste, Professeur à l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) et Directeur du Laboratoire de Géoarchitecture.
  • Conseillers scientifiques : Alain BOURDIN (Sociologue et urbaniste, Professeur à l’École d’Urbanisme de Paris-UPEM, Président et Responsable scientifique du programme Popsu 2 et Directeur de la Revue internationale d’urbanisme) et Jean YANGO (Économiste, Urbaniste, Président de l’Assemblée Générale de l’ONUC, Secrétaire Permanent de l’Association des Villes et Collectivités d’Afrique Centrale et ancien Directeur de la Planification Urbaine et du Développement Durable à le Communauté Urbaine de Douala).
  • Introduction : Mme Charlotte BLEUNVENIngénieure d’études (UBO), chargée du suivi du programme Urbanisme en Francophonie porté par l’AIMF
  • Modérateur : M. Sylvain ALLEMANDJournaliste.
  • Synthèse : M. Christian KALIEU, Urbaniste.
  • Réalisation : M. William GOUZIEN, Co-créateur chez Le Voyage des Koumoul.

Intervenants :

  • M. Yannick JAFFRÉ : Anthropologue, directeur de recherche émérite CNRS et directeur de programme GID (Académie des Sciences – Institut de France)
  • Mme Saadia ZOHEIR : Directrice du projet INDH-INMAE à Lydec (Casablanca)
  • M. Mouncef KETTANI : PDG de SINOGROUP, Rapporteur de la commission économique au sein du Conseil Économique, Social et Environnementale (CESE) du Maroc et Président de la Fondation Moubadara pour les Jeunes et l’Entreprenariat.

Webinaire 2 : L’intégration de l’informel dans le développement de la ville

Mardi 21 novembre 2023 (12h30 – 13h45 heure de Paris)

Dans ce deuxième webinaire, nous verrons que certaines initiatives informelles, illustrées dans des contextes différents, sont sources d’urbanité, favorisent l’intégration et la sociabilité, et participent d’un nouveau récit urbain combinant nécessité, désirs, résistance, voire indiscipline, manifestes qui défient les modèles traditionnels de gouvernance urbaine. Nous verrons aussi ici, quelles sont les solutions par la base aux difficultés rencontrées dans des contextes informels dépourvus de forts cadres gouvernementaux.

Les interactions qui existent entre le formel et l’informel posent en effet des questions politiques. Jusqu’à quel point des citoyens peuvent-ils prendre l’initiative de leur cadre de vie ? L’informalité est-elle légitime dans une démocratie représentative ? Comment les pratiques informelles contribuent-elles à la fabrication de la ville ? Comment prolonger l’informel dans le développement de la ville et concevoir de nouveaux projets urbains qui en tiennent compte ? L’informel est-il soluble dans les projets urbains ? Les méthodes du formel sont-elles adaptées à l’UI ? La planification de l’informel permettrait-elle d’améliorer le paysage urbain des villes africaines ? Comment il est possible de briser les écarts entre un monde de l’urbanisme dominé par des cadres institutionnels directifs et contrôlants, et un secteur informel par essence ouvert et flexible.

Comité de pilotage :

  • Coordination : M. Lionel PRIGENT, Urbaniste, Économiste, Professeur à l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) et Directeur du Laboratoire de Géoarchitecture.
  • Conseillers scientifiques : Alain BOURDIN (Sociologue et urbaniste, Professeur à l’École d’Urbanisme de Paris-UPEM, Président et Responsable scientifique du programme Popsu 2 et Directeur de la Revue internationale d’urbanisme) et Jean YANGO (Économiste, Urbaniste, Président de l’Assemblée Générale de l’ONUC, Secrétaire Permanent de l’Association des Villes et Collectivités d’Afrique Centrale et ancien Directeur de la Planification Urbaine et du Développement Durable à le Communauté Urbaine de Douala).
  • Introduction : Mme Charlotte BLEUNVENIngénieure d’études (UBO), chargée du suivi du programme Urbanisme en Francophonie porté par l’AIMF.
  • Modérateur : M. Sylvain ALLEMANDJournaliste.
  • Synthèse : M. Christian KALIEU, Urbaniste.
  • Réalisation : M. William GOUZIEN, Co-créateur chez Le Voyage des Koumoul.

Intervenants :

  • M. Tanavuth NAK : Conseiller Municipal de la Municipalité de Phnom Penh
  • Mme Christiane BLANCOT : Architecte-Urbaniste
  • M. Martin Luther DJATCHEU KAMGAIN : Géographe, Urbaniste, Aménageur, Environnementaliste ; Enseignant-Chercheur à l’Université de Yaoundé 1 ; Chercheur Associé à l’Institut de Géoarchitecture de Brest ; Expert-Consultant en Urbanisme et Aménagement ; Membre de l’Ordre National des Urbanistes du Cameroun.

Webinaire 3 : L’informel : laboratoire de l’urbain ?

Mardi 19 décembre 2023 (12h30 – 13h45 heure de Paris)

Dans ce troisième webinaire, nous abordons le caractère expérimental de l’informel. Il est entrepris par des citoyens qui se veulent responsables, qui réalisent qu’il faut ralentir les flux et les rythmes de production de la ville, et mieux évaluer les décisions pour créer les conditions d’un management urbain plus durable. C’est une forme de territorialisation des Objectifs de Développement Durable (ODD). Participation, auto-construction et informalité constituent un ensemble de principes autogestionnaires qui trouvent leur cohérence dans la prise de responsabilité des résidents.

Même si les raisons économiques priment, la motivation répond aussi à un souci environnemental, à une volonté de vivre de façon plus saine, au désir de faire partie d’une communauté, de partager des idées, d’expérimenter des formes nouvelles de démocratie. Au cœur de ces initiatives, la notion de communs réinterroge le principe de copropriété, et figure comme une possible stratégie urbaine. Quelles inspirations l’informel peut-il apporté aux autres territoires en termes de numérique, de circuits courts, d’innovations et de solutions locales ?

Comité de pilotage :

  • Coordination et synthèse : M. Lionel PRIGENT, Urbaniste, Économiste, Professeur à l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) et Directeur du Laboratoire de Géoarchitecture.
  • Conseillers scientifiques : Alain BOURDIN (Sociologue et urbaniste, Professeur à l’École d’Urbanisme de Paris-UPEM, Président et Responsable scientifique du programme Popsu 2 et Directeur de la Revue internationale d’urbanisme) et Jean YANGO (Économiste, Urbaniste, Président de l’Assemblée Générale de l’ONUC, Secrétaire Permanent de l’Association des Villes et Collectivités d’Afrique Centrale et ancien Directeur de la Planification Urbaine et du Développement Durable à le Communauté Urbaine de Douala).
  • Introduction : Mme Charlotte BLEUNVEN, Ingénieure d’études (UBO), chargée du suivi du programme Urbanisme en Francophonie porté par l’AIMF
  • Modérateur : M. Sylvain ALLEMANDJournaliste.
  • Réalisation : M. William GOUZIEN, Co-créateur chez Le Voyage des Koumoul.

Intervenants :

Être informé du programme des tables rondes et y participer, envoyez un mail à Charlotte Bleunven, ingénieur d’études pour l’AIMF à : [email protected]

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