Marrakech 2050 : réinventer la ville rouge pour un futur vert et durable

L’AIMF (Association Internationale des Maires Francophones), en partenariat avec le réseau APERAU (Association pour la Promotion de l’Enseignement et de la Recherche en Aménagement et Urbanisme) a lancé au travers de l’initiative Urbanisme en Francophonie, un Appel à projets “Quelles formes prendront les villes en 2050 ?”, dans le cadre de la Conférence internationale « Le réenchantement des villes : Urbanisme en Francophonie, horizon 2050 », organisée les 2 et 3 octobre 2024, en amont du Sommet de la Francophonie.

Lauréat de l’Appel à projets des Jeunes Ambassadeurs Francophones : “Quelles formes prendront les villes en 2050 ?”, l’équipe de l’École Supérieure d’Architecture de l’Université Internationale de Rabat composée de , Mohammed Yasser Salimi et Ahlam RIHANI sous la direction du Pr. Imane Bennani, nous présente son poster intitulé : “Marrakech 2050 : réinventer la ville rouge pour un futur vert et durable”.

Marrakech, mondialement connue pour son patrimoine, est une destination touristique phare du Maroc, attirant chaque année des millions de visiteurs. Derrière son charme indéniable, la ville cache des problématiques importantes. Bien que vibrante et dynamique, elle souffre de défis liés à l’urbanisation rapide, aux inégalités sociales, et aux effets du réchauffement climatique. Ces problèmes, souvent invisibles pour les touristes, sont bien connus des locaux qui les vivent au quotidien. C’est dans ce contexte que notre projet pour Marrakech 2050 vise à faire de cette ville un modèle de durabilité, de résilience et d’inclusivité, tout en préservant son attractivité touristique.

Gestion durable de l’eau

La gestion de l’eau est un des défis les plus cruciaux pour Marrakech, une ville semi-aride où les ressources hydriques sont de plus en plus rares à cause du réchauffement climatique. Ce problème est exacerbé par l’importante infrastructure hôtelière qui consomme d’énormes quantités d’eau, notamment pour les piscines, les jardins et les services touristiques. Face à cette situation, notre stratégie propose une approche globale qui combine des solutions traditionnelles et modernes.

Nous moderniserons les Khettaras, ces anciens systèmes de collecte d’eau souterrains, pour optimiser leur efficacité. En complément, des bassins de rétention seront construits pour capter et stocker les eaux de pluie, permettant ainsi de limiter les risques d’inondation tout en augmentant les réserves d’eau. Ces bassins seront stratégiquement placés dans des zones urbaines et périurbaines pour maximiser leur impact.

Nous mettrons également en place des stations d’épuration modernes, capables de recycler les eaux usées et grises pour un usage non potable, comme l’irrigation des espaces verts ou le nettoyage urbain. Cela contribuera à réduire la demande en eau potable et à promouvoir une gestion circulaire de la ressource. De plus, la collecte des eaux pluviales sera intégrée dans les grands équipements publics et les infrastructures majeures de la ville, telles que les toits des écoles, hôpitaux et centres commerciaux. Cela offrira une alternative durable pour les besoins en eau non potable et garantira une meilleure autonomie en cas de stress hydrique.

Mobilité douce et rééquilibrage des espaces verts : Marrakech est une ville où, malgré le manque d’infrastructures dédiées, les vélos et les motos sont déjà largement utilisés pour les déplacements quotidiens. Notre projet capitalise sur cette réalité en intégrant pleinement la mobilité douce dans le paysage urbain, avec des pistes cyclables sécurisées et des voies réservées aux motos. Cela encouragera encore davantage l’usage de ces modes de transport écologiques, tout en désengorgeant la circulation automobile et en réduisant la pollution. Par ailleurs, un réseau de tramways reliera les quartiers périphériques au centre-ville, réduisant la dépendance aux voitures et renforçant la fluidité des déplacements.

En parallèle, nous rééquilibrerons la répartition des espaces verts dans toute la ville. Les quartiers résidentiels denses, souvent négligés en termes d’infrastructures de loisirs, bénéficieront de nouveaux parcs et jardins, offrant des lieux de détente et de socialisation pour les habitants. Les parkings en surface seront transformés en espaces végétalisés, tout en conservant des parkings souterrains pour répondre aux besoins en stationnement. Pour s’adapter au climat aride, nous privilégierons un paysagisme xérophile, utilisant des plantes locales résistantes à la sécheresse et nécessitant peu d’eau. Cela permettra de créer des espaces verts durables tout en réduisant la consommation d’eau, renforçant ainsi la résilience de la ville.

Développement périurbain et architecture durable

Notre stratégie de développement périurbain repose sur le concept des villes du quart d’heure. Chaque quartier périphérique sera repensé pour offrir tous les services essentiels (écoles, commerces, centres de santé) à moins de 15 minutes à pied ou à vélo, réduisant ainsi la dépendance à la voiture et favorisant l’inclusivité sociale. Cela permettra également de limiter l’étalement urbain tout en améliorant la qualité de vie des habitants.

La construction en terre, un matériau traditionnel, local et écologique, sera privilégiée pour les nouveaux bâtiments. Ce choix, en plus d’être respectueux de l’environnement, est parfaitement adapté aux conditions climatiques de Marrakech, offrant des solutions durables pour les besoins en logement et en infrastructures. Le principal atout de la terre est sa capacité à réguler la température intérieure des bâtiments. En effet, la terre crue possède d’excellentes propriétés thermiques, permettant de maintenir des intérieurs frais en été et plus chauds en hiver, sans recourir à une consommation énergétique excessive. Cela réduit considérablement l’empreinte carbone des bâtiments, contribuant ainsi aux objectifs de sobriété énergétique. De plus, la terre est un matériau disponible localement, ce qui réduit les coûts de transport et favorise l’économie circulaire. Elle est également réutilisable, biodégradable et nécessite peu de transformation, ce qui diminue l’impact environnemental global de la construction. En utilisant la terre pour les nouveaux bâtiments, notamment dans les zones périurbaines en développement, nous intégrons une approche durable qui s’inscrit dans une tradition architecturale locale tout en répondant aux exigences modernes de construction.

Cette stratégie pour Marrakech 2050 ne se limite pas à la résolution des problématiques environnementales, mais ambitionne une transformation structurelle des dynamiques sociales et économiques. En optimisant l’accès aux ressources essentielles telles que l’eau, en développant une mobilité durable et inclusive, et en aménageant des espaces publics de manière équitable, elle vise à atténuer les disparités socio-spatiales qui perdurent entre les différents quartiers. Ce projet incarne une vision globale, où chaque habitant, indépendamment de son statut socio-économique, peut bénéficier d’un environnement urbain intégré et équitable.

© Crédit Photo : William Gouzien (Remise des prix à la Conférence Internationale Urbanisme en Francophonie)

2 octobre 2024

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