Ce livre blanc sur “L’urbanisme au service d’un développement territorial durable en Afrique”, tente de fournir une vue d’ensemble du rôle actuel et potentiel de l’urbanisation, des populations et de la nature en Afrique. S’appuyant sur les efforts de recherche et de sensibilisation existants, il vise à définir des voies de changement en associant divers paradigmes issus de cultures et de disciplines différentes.
À propos des auteurs
En s’attaquant à la tâche complexe d’examiner le rôle de la nature dans le développement urbain de l’Afrique, cette collaboration entre Luc Gnacadja (principal auteur) et Oliver Hillel, est née de leurs compétences propres. Le premier est un architecte africain influent sur les scènes nationale et internationale. Son article de référence daté de 2022, intitulé « Les villes de #L’AfriqueQueNousVoulons : transformer les informalités en levier pour un développement urbain durable en Afrique subsaharienne », a servi de base essentielle pour ce projet.
Fort de cette assise, Oliver Hillel a appliqué son expertise à la formulation et à l’exécution de politiques régionales et locales, en particulier au croisement entre biodiversité et développement. Il a joué un rôle prépondérant dans la rédaction du texte, l’établissement des orientations de recherche et l’approfondissement de l’évaluation en apportant des idées nuancées.
- Luc Gnacadja, originaire de Cotonou, dirige une société de conseil en architecture et en urbanisme. Reconnu à l’échelle mondiale en tant qu’expert, mentor et communicateur en matière de gouvernance du développement durable, ses connaissances se reflètent dans ses écrits, qui promeuvent le développement foncier et urbain durable, en particulier en Afrique. Son travail plaide en faveur du rôle des villes comme moteurs du développement durable. Son axe de travail porte notamment sur les stratégies visant à remédier aux disparités spatiales, à transformer le caractère informel des villes en atouts dynamiques pour la transformation et le renouveau, et à renforcer les interconnexions ville-campagne. La mise en œuvre de réformes des dépenses publiques respectueuses de l’environnement sous son mandat de ministre béninois de l’Environnement et du Développement urbain lui a valu le « Prix vert de la Banque mondiale » en 2002. En qualité de Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) de 2007 à 2013, il a dirigé une phase importante de la collaboration interconventions, notamment en plaidant pour un développement durable des terres. Il a joué un rôle de précurseur dans la mise en œuvre du concept de neutralité en matière de dégradation des terres (NDT), qui fait désormais partie intégrante du programme de développement de 2030.
- Oliver Hillel (né à São Paulo, au Brésil), a travaillé pour des États, des ONG, l’ONU et le secteur privé. Il a été directeur des programmes d’écotourisme à Conservation International, coordinateur des programmes de tourisme au SENAC (service brésilien de formation professionnelle) et au PNUE, et responsable d’équipe d’un projet de 17 millions de dollars dans le nord de Palawan, aux Philippines. Il a travaillé pendant 16 ans comme chargé de programme au Secrétariat de la Convention sur la biodiversité à Montréal, sur les questions de gouvernance infranationale des interconnexions ville-campagne pour l’économie verte et bleue, et de gestion durable des destinations touristiques. Il est membre du réseau d’experts du Centre mondial d’excellence pour les destinations (CED) associé à l’Université du Québec à Montréal, et membre affilié de l’Organisation mondiale du tourisme. Ses travaux récents portent sur la planification et la conception urbaines fondées sur la nature, la gouvernance infranationale des interconnexions ville-campagne pour l’économie verte et bleue, et la gestion régénérative des destinations touristiques.
Méthodologie
Pour ce faire, les auteurs ont consulté les sources disponibles (cf. bibliographie) et compilé les expériences et les idées d’un large éventail de praticiens (cf. entretiens). Ces premiers efforts, sans doute limités, représentent leur modeste contribution à une urbanisation durable sur le continent.
Les conclusions sont également tirées des entretiens menés avec 20 experts (indépendants ou issus d’organisations et de réseaux pertinents), ainsi que sur d’autres échanges suscités par les efforts de sensibilisation (réseaux personnels et réseaux sociaux), ainsi que sur les compétences et l’expérience propres des auteurs sur le terrain. Les personnes interrogées ont été sélectionnées pour leur expertise sur le sujet traité dans ce livre blanc. Outre leurs propos, ils ont partagé des conseils, de précieuses ressources, et ont réagi de manière constructive aux questions souvent provocatrices des auteurs. Ils ont également révisé les différentes versions du texte au fil du temps. Leur savoir-faire et leur connaissance du contexte africain ont été très utiles aux conclusions et recommandations. De nombreuses autres contributions nous ont été envoyées sous forme d’articles ou de ressources. Cependant, à moins qu’ils ne soient directement cités du texte original, les auteurs assument la responsabilité de toute conséquence de leurs formulations.
Enfin, tout au long du texte, des encadrés fournissent des exemples et des informations complémentaires sur des questions précises. La plupart sont originaux, d’autres sont la somme de différentes sources d’information, voire des extraits de cas existants ; dans la mesure du possible, des liens directs vers la source originale sont indiqués.
Sommaire
Ce livre blanc fournit des informations, des ressources et des pistes sur la manière d’intégrer la nature et les populations dans le développement urbain en Afrique, notamment à l’aune du Cadre mondial de la biodiversité Kunming-Montréal (GBF) des Nations Unies adopté par les Parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB) en décembre 2022.
Le chapitre 1 présente les objectifs, définit le champ d’application et les limites de ce travail, et étaye la nécessité, les possibilités et l’opportunité de cette initiative.
Le chapitre 2 décrit comment l’urbanisation et la nature interagissent en Afrique à partir des résultats et des initiatives cartographiques.
Le chapitre 3 présente les principales conclusions sur les centres d’expertise, et examine les corrélations entre le développement urbain, la nature et les compétences en matière de planification et de gouvernance urbaines.
Le chapitre 4 souligne les messages clés et les recommandations :
- Il existe une masse critique de compétences à l’échelle régionale et locale, une dynamique en faveur d’une série d’options issues du continent africain en matière de planification et de gouvernance urbaines qui mérite plus d’attention de la part des écoles de pensée mondiales établies.
- Il est essentiel que les citoyens comprennent le lien entre l’alimentation, l’eau et l’énergie et travaillent avec les urbanistes et responsables d’aménagement urbain du continent.
- a résilience climatique est indispensable à la transformation urbaine en Afrique, mais les concepts et les approches doivent être adaptés à ses différents contextes.
- Comprendre les téléconnexions ville-campagne pour intégrer la nature et faire tomber les barrières politiques et culturelles sont la clé d’un d’une utilisation des terres respectueuse des écosystèmes dans les zones métropolitaines et transfrontalières.
Sur la base de ces points, cinq pistes peuvent être qualifiées de prioritaires pour leur effet catalyseur :
- Matérialiser systématiquement le potentiel des informalités en Afrique, identifier et développer les fonctionnalités dans la ville informelle en les réorientant, en les organisant, voire en les subventionnant en vue d’une officialisation progressive.
- Tirer parti de la puissance des synergies entre les niveaux infranational, métropolitain et urbain en explorant les interconnexions ville-campagne et en développant une approche globale à l’échelle des ODD qui intégrerait les enseignements tirés du processus climatique et du GBF.
- Réorienter les ressources financières infranationales, nationales, régionales et mondiales qui ont une influence sur la croissance urbaine actuelle vers les lieux où elles sont les plus nécessaires, grâce à une décentralisation soigneusement planifiée et stratégique, et à la mise à disposition de financements importants en faveur des agents clés du changement, pour un développement durable positif de la nature qui peut transformer les petites, moyennes et grandes agglomérations urbaines et leurs territoires en Afrique.
- Repenser et reconcevoir le langage de l’aménagement du territoire utilisé aujourd’hui, de sorte qu’il évolue vers des outils « incluant l’ensemble des pouvoirs publics » et « incluant l’ensemble de la société », et relie efficacement les besoins, les attentes et les points de vue des populations locales, de leurs économies, cultures, technologies et matériaux. Cela nécessitera de nouvelles lignes directrices pour le développement, les infrastructures et les services destinés aux habitants des zones urbaines et rurales, ainsi qu’une meilleure adéquation aux instruments et obligations de coopération internationale.
- Compte tenu de l’urgence et de l’opportunité, le moment est venu d’agir, avec les décideurs publics et non étatiques (y compris au sein du milieu des affaires). Un projet accéléré de développement du leadership est nécessaire pour former et accompagner les leaders d’aujourd’hui et à venir sur la nécessité d’une transition économique verte et bleue.