Il y a des francophonies attendues, des lieux où on se déplace et on sait que l’on va être dans l’espace francophone et que l’on va entendre parler français et il y a des lieux on ne s’y attend pas…
C’est très important du point de vue politique, de rappeler que l’espace francophone, évidemment il est constitué par l’histoire et notamment par celle de la colonisation mais pas seulement, il y a des lieux où la présence française n’a jamais pris les formes agressives mais où ça parle français.
“Un jour je faisais un voyage dans les petites Mascareignes. A la Réunion on s’attend à entendre le français, à Maurice on sait que ça ne parlera pas français, mais il y a la troisième île plus loin qui est celle de Le Clézio, Rodrigues. Je ne m’étais même pas posé la question de quand j’y suis allé de quelle langue j’allais entendre et on parle français… Ça m’a bouleversé cette francophonie si lointaine, si fragile, si incertaine”.
Si vous lisez « Voyage à Rodrigues », roman de Jean-Marie Gustave Le Clézio, Port Mathurin, est une carte postale d’un prix Nobel de la littérature. “Il y a quelque chose qui me touche beaucoup, précisément parce que c’est fragile, incertain, lointain et que ce n’est pas une déclaration de puissance mais c’est un aveu de tendresse. Donc si j’avais à envoyer une carte postale, elle partirait de Rodrigues“.