La ville de Yaoundé, connu pour être la ville aux sept collines, est la capitale politique du Cameroun. Jadis définie comme étant « la petite ville, de cité-jardin aux constructions basses, nichées dans la verdure sous l’abri des palmiers » par A. Franqueville dans les années 1970 ; elle connaît depuis plusieurs années d’intenses mutations visant à redéfinir son paysage. L’une des particularités du développement spatial de la ville est son développement quasi-mono centrique autour d’un noyau central.

Découvrez la carte postale de Guy TCHAKAM. Cette carte postale qu’il nous envoie depuis la ville de Yaoundé au Cameroun est composée de 4 images :

• Vue aérienne du Plateau administratif de la ville de Yaoundé, 2022 (Crédit : Guy TCHAKAM)
• Vue sur le Musée National à travers la grille qui limite son accessibilité, le site de l’ancien palais présidentiel du Cameroun construite autour des années 1930 par le Gouverneur Français Marchand, 2024 (Crédit : Guy TCHAKAM)
• Vue sur l’avenue marchand, les véhicules occupent des places de stationnement indiquées sur le trottoir et les piétons sont contraints de se déplacer sur la chaussée, 2024 (Crédit : Guy TCHAKAM)
• Synthèse de la vision du PDU de Yaoundé horizon 2035 (Source : G2Conception & ETS Intégral)

Le noyau central de la ville, est un terme utilisé par la Communauté Urbaine de Yaoundé et le ministère en charge de l’habitat et du développement urbain pour circonscrire l’espace constitué du centre administratif et du centre commercial de Yaoundé, séparés par la vallée de l’Ancienne Gare de la ville. Outre les nombreux bâtiments administratifs il comprend une forte densité d’entreprises des secteurs bancaire et financier, le marché central, des assurances, d’import-export, ainsi que les sièges sociaux de quelques entreprises.

Le noyau central compte plusieurs problèmes qui sabote son bon fonctionnement et par ricochet sa compétitivité. La combinaison des éléments suivants fait à ce que, le noyau central n’est plus à dimension humaine :

• C’est un centre-urbain saturé, dont l’accessibilité est difficile surtout pendant les heures de pointes et pour cause : de nombreux embouteillages ;
• Il s’y pose également un problème de parkings pour les stationnements et la mixité sociale n’est pas intégrée à certains endroits ;
• La prolifération des activités informelles qui jonchent le long des axes de communication ne facilite pas une rentabilité optimum et font une concurrence déloyale aux activités formelle ;
• L’insécurité urbaine y a établi son lit et faisant de ce centre un « no man’s land » à certaines heures de la nuit où agressions et vols dictent leur loi ;
• Bruyant et difficilement respirable en journée, le centre-urbain de Yaoundé perd de son éclat à la tombée de la nuit car déserté par ses occupants au détriment des « coins chauds » de la périphérie ;
• L’assainissement urbain rencontre également de nombreuses difficultés avec des grandes inondations enregistrées pendant la saison de pluies causant d’énormes dégâts matériels.

Le nouveau projet de territoire de Yaoundé validé en 2023, met en avant le noyau central comme étant la centralité principale de la Ville. Outre les orientations d’aménagement visant à proposer un « programme d’amélioration de l’habitat, de renforcer la politique locale de logement et de stimuler le développement urbain plurifonctionnel en renforçant les pôles secondaires. », le noyau central lui est supposé être « renforcé comme hyper centre, principal pôle de commandement ».

A cet égard il bénéficie de nombreux projets visant à faire de lui un « grand centre » toute proportion gardée similaire au projet de renouvellement du grand centre de Cergy Pontoise-cœur d’agglo en France. La ville est donc le théâtre de divers projets multisectoriels tels que : Yaoundé Cœur de ville, Mobilité Verte Yaoundé, Valorisation touristique et économique du Lac Municipal et d’aménagement de la vallée de la Mingoa, projet complémentaire d’assainissement pluvial durable de la ville de Yaoundé, construction du nouveau siège de la Banque des États de l’Afrique Centrale.

Jan Gehl (Architecte, urbaniste et entrepreneur danois) disait  « First we shape the cities – then they shape us ». La conception d’un espace urbain est fédérateur. Celui du noyau central de Yaoundé devrait placer l’homme et ses besoins naturels au cœur de ses propositions. La mixité d’usage voudrait qu’il soit apporté d’autres options aux choix d’aménagement de sorte que les populations s’y rendent pour faire une activité autre que professionnelle.

Le noyau central doit être ouvert, accessible et susciter l’appropriation par les populations. La mobilité devrait limiter toutes formes de pollutions et donc préserver la santé des populations. La rue et les espaces publics devraient être considérés comme des lieux de rencontre pour les citadins. L’ambition est de promouvoir des approches de développement concertées, approche par le bas, où la population est pleinement partie prenante de l’aménagement de son milieu de vie.