Selon Ariella Masboungi, plus qu’une histoire de langue, les villes francophones ont des caractéristiques communes relatives au tissu urbain, aux tracés, au parcellaire, à l’architecture et à des valeurs partagées : vivre-ensemble, solidarité, inclusion, mémoire, diversité… Elle met en opposition ces cités francophones aux grandes villes de Floride. Par la mise en commun des connaissances, des difficultés et des inventions à l’international, les Maires pourront mieux lutter contre l’étalement urbain. Des instruments francophones existent d’ailleurs, tels que les agences d’urbanisme et la maîtrise d’ouvrage, qui permettent l’anticipation et l’évolution de projets urbains sur la très longue durée.
Membre du Club ville-aménagement, Ariella Masboungi, est en charge d’études et groupes de réflexion de nature prospective. Après l’urbanisme des modes de vie, elle y dirige à présent un travail sur l’urbanisme des grands territoires. Elle pilote des sujets tels : « Agir sur les grands territoires », « L’énergie au cœur du projet urbain », « Faire la ville plus stimulante » ou encore « Agir sur les territoires oubliés ». Son dernier ouvrage paru en juin 2021 s’intitule : « La ville pas chiante, alternatives à la ville générique ».
Davantage qu’une histoire de langue, selon Ariella Masboungi, les villes francophones auraient des caractéristiques urbanistiques communes :
“Les villes francophones, auxquelles j’ai tendance à associer les villes latines, puisque la langue est très proche du français, me semblent avoir comme caractéristique de défendre la question du tissu urbain, sachant que ce qui est important dans une ville se sont d’abord les tracés, le parcellaire et bien sûr l’architecture (…)”.
Elle poursuit sur l’hypothèse de valeurs francophones partagées :
“Peut-être aussi que la ville francophone est la ville du vivre-ensemble, une ville qui défend la solidarité, l’inclusion, c’est aussi une ville qui a de la mémoire, des mémoires architecturales, culturelles et événementielles. Ce sont des villes porteuses d’une histoire, des gens qui l’ont invitée et des gens qui l’ont fabriquée. Peut-être aussi qu’une ville francophone, c’est une ville qui accepte la diversité. C’est certainement une vision très idéalisée de la ville francophone, en tout cas c’est celle qu’on aimerait qu’elle soit”.
Elle les met ensuite en opposition ces cités francophones aux grandes villes de Floride :
“Alors je pourrais vous parler du cauchemar des territoires de la Floride, est-ce que c’est de la ville ? En tout cas c’est de la ville comme je n’aimerais pas qu’évoluent les villes francophones. En tout cas le danger est là, puisque nos périphéries urbaines ressemblent parfois à ces grandes villes de Floride, je ne parle pas de Miami ou de Tempa, je parle de cette urbanisation qui se développe le long des boulevards“.
Selon elle, la mise en commun des connaissances, des difficultés et des inventions est essentielle à l’international, que ce soit pour la lutte contre l’étalement urbain ou en matière de politique commerciale, de protection des territoires, de durabilité (ex : écoquartiers, logement social…), de modèle urbain, de villes vivables et pour conforter les emplois et les initiatives locales.