Le temps de la réconciliation – Douala

L’AIMF (Association Internationale des Maires Francophones), en partenariat avec le réseau APERAU (Association pour la Promotion de l’Enseignement et de la Recherche en Aménagement et Urbanisme) a lancé au travers de l’initiative Urbanisme en Francophonie, un Appel à projets “Quelles formes prendront les villes en 2050 ?”, dans le cadre de la Conférence internationale « Le réenchantement des villes : Urbanisme en Francophonie, horizon 2050 », organisée les 2 et 3 octobre 2024, en amont du Sommet de la Francophonie.

Ce poster envoyé dans le cadre de l’Appel à projets des Jeunes Ambassadeurs Francophones : “Quelles formes prendront les villes en 2050 ?”, a été réalisé par une équipe d’étudiants de l’École Africaine des Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme (EAMAU), composée de Roch Turin TADONFO, Duclair NGUEPI DONGMO, Bryan TAGNE BORIS, Maurice Joyce TCHAPET SAMEN et encadrée par Dr. Hassane MAHAMAT HEMCHI (enseignant-chercheur permanent au sein de l’EAMAU), a été exposé à l’occasion de la Conférence internationale « Le réenchantement des villes : Urbanisme en Francophonie, horizon 2050 ». 

Le changement climatique constitue un défi majeur du XXIe siècle. Selon le sixième rapport du GIEC, les températures de la surface terrestre augmentent de 0,2°C par décennie, avec des projections laissant présager un dépassement potentiel des 2°C d’ici 2050. Les petits territoires insulaires, notamment en raison de leurs caractéristiques physiques sont souvent considérés comme des espaces privilégiés de « révélation » locale des enjeux de ces changements (François Bertrand,2016).

La côte camerounaise, et plus précisément Cap Cameroun dans l’arrondissement de Douala VI, subit de plein fouet ces effets. Cette île est confrontée  aujourd’hui à des phénomènes climatiques majeurs, notamment l’élévation du niveau de la mer, l’augmentation des températures et l’intensification des vents violents (Mbevo, 2016). Ces
transformations entraînent des répercussions directes, notamment des inondations récurrentes et une érosion accélérée des côtes. La situation est exacerbée par la croissance démographique, qui accélère la dégradation des écosystèmes essentiels comme la mangrove. Ces bouleversements compromettent gravement la qualité de vie des populations locales, en perturbant leurs activités économiques et en menaçant leurs habitats et infrastructures.

Ce projet propose ainsi une réflexion sur la « réinvention » de ce territoire insulaire, en vue de renforcer
son adaptabilité et sa résilience face aux défis climatiques et anthropiques. L’île de Cap Cameroun subit des tensions internes entre ses éléments vitaux : l’eau, le sol, la mangrove et les activités humaines. Ces conflits, s’amplifient davantage par les effets du changement climatique et déstabilisent l’équilibre fragile du territoire. En parallèle, les conditions de vie précaires compromettent le bien-être des habitants qui y résident. Le projet que nous proposons vise à transformer cet écosystème en un espace de cohabitation harmonieuse, où les besoins des communautés s’alignent avec la protection et la préservation de l’environnement, et l’adaptation aux risques, garantissant ainsi un avenir durable et résilient : Le temps de la réconciliation est donc le concept central de notre projet.

Ce concept incarne une approche transversale qui transcende les limites disciplinaires, en favorisant une
coexistence harmonieuse et une interdépendance entre le biotope et la biocénose de cet écosystème. En intégrant ces composantes naturelles et humaines, le projet vise à un développement harmonieux et durable, où les interactions entre les différentes parties de l’écosystème contribue à la résilience de ce territoire.

Cette réconciliation repose sur trois piliers essentiels : D’abord capitaliser sur l’existant ; puis
innover pour construire l’avenir et enfin faire évoluer et transformer les modes de vie.

Concrètement le projet propose une réorganisation spatiale axée sur la densification afin de limiter l’étalement urbain et protéger les zones humides en particulier la mangrove. Cette approche améliore le cadre de vie grâce à l’intégration d’équipements socio-collectifs (école, centre de santé, centre communautaire, etc), de lieux de détente et de loisirs, ainsi que des équipements pour optimiser les activités économiques (débarcadère sécurisé, un marché, et des zones de fumage avec des fours améliorés). Pour contrer la salinisation de l’eau, la « Warka Tower » est envisagée pour capter l’humidité de l’air et la transformer en eau potable.

En outre le projet mise sur une architecture écologique et adaptée au contexte local, utilisant des matériaux locaux et intégrant des éléments comme la ventilation naturelle, la récupération des eaux pluviales, et l’utilisation de panneaux solaires. Les habitations sont conçues sous forme de modules communautaires pour renforcer la cohésion sociale.

Pour favoriser la résilience climatique, des structures bio-inspirées des racines de mangrove sont proposées à environ 100 mètres de la côte pour réduire l’énergie et la vitesse des vagues, limitant ainsi l’érosion et favorisant la sédimentation pour protéger le littoral. Le projet inclut également la restauration de la mangrove et l’installation d’une bande végétalisée sur le littoral pour agir comme barrière naturelle contre l’érosion, les vagues et les tempêtes. Les habitations sur pilotis s’adaptent aux variations du niveau de l’eau, protégeant ainsi les habitants des inondations. Des zones tampons et des bassins de rétention sont également prévus à cet effet.

Comme précisé précédemment, le projet encourage la préservation de l’environnement par des fours améliorés qui sont proposés pour réduire la consommation de bois préservant ainsi la mangrove. Des fosses biofil avec digesteur pour le traitement des eaux usées ainsi qu’un système de collecte et de recyclage des déchets sont proposés pour lutter contre la pollution. La création de corridors écologiques vise également à maintenir la biodiversité terrestre et marine.

In fine, habiter l’île c’est vivre à la rencontre de la terre et de l’eau. Avec les impacts imminents des changements climatiques, les habitants devront s’adapter pour continuer d’y résider en sécurité. Ce projet qui pourrait se mettre en œuvre par un processus participatif et évolutif d’aménagement est une tentative de réponse à cette problématique.

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