Être informé du programme des tables rondes et y participer.
Histoires, mémoires, ressources sont les propriétés ordinaires du patrimoine et sont au cœur des pratiques des villes et des Maires. Alors que la globalisation permet de partager instantanément la moindre émotion à travers la planète, les villes ont un devoir de mémoire pour retrouver les cycles longs de leur existence, et pour donner socle aux activités haletantes de notre modernité abîmée.
Ouidah, 2022. Un colloque international a relevé la place si essentielle de la traite négrière dans la mémoire collective. Mais pour l’entretenir, il importe que cette mémoire puisse s’inscrire dans le territoire concret, qu’elle soit inscrite dans des monuments. La « route des esclaves », projet mémoriel et touristique, déploie ici cette capacité de garder la mémoire, de la transmettre et d’envisager des objets comme des patrimoines, à préserver tant pour eux-mêmes que pour le message qu’ils portent. L’initiative rejoint ainsi celle de Nantes et du mémorial de l’esclavage. Ici, comme à Gorée, à Haïti, à Libreville, à Zanzibar, la mémoire douloureuse des traites négrières se glisse dans les cénotaphes des routes des esclaves.
Ailleurs, c’est une ancienne usine, fermée et abandonnée, qu’il s’agit de conserver ; c’est une danse populaire, un monument… Les tragédies des femmes et des hommes, mais aussi leur vie ordinaire, écrivent l’histoire, en font une matière vivante nourrie de toutes les mémoires, ordonnée par des lieux ! À l’aune de notre humanité, l’expérience du patrimoine est neuve, bien qu’elle s’enracine dans le passé. Et elle s’est déployée avec toute la vigueur juvénile depuis le milieu du XXe siècle. Mondial ou vernaculaire, matériel, immatériel, naturel, culturel, le patrimoine a élargi son espace et ses échelles, et mêle tant de dimensions sociales et économiques qu’il est devenu impossible d’y échapper.
Mais une telle reconnaissance pose de nombreux défis : de conservation, de gestion et d’entretien ; de sélection, d’interprétation et de contextualisation ; d’appropriation, d’usage, d’insertion dans l’espace public… Si le patrimoine est célébré, il n’en a pas moins épuisé ses caractéristiques dans son élargissement. Et pourtant, les nations n’ont de cesse d’y puiser les ressorts de leur devenir.
Les villes aussi sont amenées à y veiller sans relâche… Elles arbitrent des devenirs entre conservation, réutilisation, dissipation par renouvellement urbain. Elles supportent les exigences environnementales, les pressions foncières, les agressions des changements climatiques… Elles mobilisent le déjà-là, rappel d’une occupation ancienne du territoire, tout en travaillant les usages présents. Et rien n’est moins sûr autant que la coordination des projets de réutilisation et des attentes. L’exemple, à Paris, du 104, en fait écho puisque c’est bien le succès de la programmation du lieu qui a consolidé la patrimonialisation. Attacher une communauté à un territoire passe donc par la reconnaissance de son patrimoine, comme lien et lieu, comme partie substantielle mise en commun dans le contrat entre les individus d’une société. Loin de constituer un ensemble figé, le patrimoine est vivant.
Les dynamiques des patrimoines sont le sujet de la nouvelle saison de webinaires. Le thème recouvre plusieurs objectifs :
- Constater le succès du terme patrimoine et son utilité, pour ancrer une communauté, même dans un territoire neuf (à l’exemple des villes nouvelles).
- Interroger l’épuisement du concept, par le coût de la reconnaissance, de la préservation, de l’insertion politique, par la défiance qui peut être parfois exprimée à l’égard d’un patrimoine constitué « d’en haut » face à un patrimoine reconnu « d’en bas ».
- Ouvrir les pistes d’un nécessaire renouvellement, au travers d’une nouvelle gestion des communautés, d’une nouvelle lecture historique (à Nantes comme à Ouidah) ou de la restitution de biens (et de ses effets sur les territoires qui en sont destinataires), mais aussi au travers d’un rapport renouvelé à la fois à de nouveaux objets (à l’exemple de ceux qui sont hérités des grands évènements) et au vivant (dans un rapport à imaginer entre les villes et leur écosystème naturel).
Trois webinaires constituent le programme de cette nouvelle saison.
- Renouveler l’idée du patrimoine
- Relever le défi de la gestion du patrimoine
- Fabriquer le patrimoine pour le 21e siècle
Webinaire 1 > Renouveler l’idée du patrimoine
Mardi 26 novembre 2024 de 12h30 – 13h45 UTC+1
INSCRIPTION : https://us06web.zoom.us/webinar/register/WN_x2FokrN4SlK8BLe2IfNRBg#/registration
Qu’est-ce qu’on entend par patrimoine (mondial ou vernaculaire, matériel, immatériel, naturel, culturel) ? Qu’est-ce qui peut faire patrimoine aujourd’hui ou demain ? Comment l’enrichit-on par l’urbanisme moderne ? Comment fait-on le tri dans le patrimoine existant ? Quid du patrimoine industriel ? Le patrimoine est-il fait pour durer ? Quels sont les nouveaux usages de ce qu’on est en train de patrimonialiser ? Comment les urbanistes prennent-en compte ce sujet du patrimoine ?
Webinaire 2 > Relever le défi de la gestion du patrimoine
Mardi 17 décembre 2024 de 12h30 à 13h45 UTC+1
Comment construit-on le patrimoine de demain dans nos villes d’aujourd’hui ? Comment protège-t-on le patrimoine ancien face aux idées controversées d’aujourd’hui ? Comment ne pas faire table rase du passé, en lien avec l’émergence des besoins d’« émancipation culturelle » voire « politique » (cf destruction du patrimoine en Afrique) ? Comment amène-t-on les acteurs du développement culturel à avoir un impact local ? Comment réenvisage-t-on la possibilité que le patrimoine parle à tous ?
Webinaire 3 > Fabriquer le patrimoine pour le 21e siècle
Mardi 28 janvier 2024 de 12h30 à 13h45 UTC+1
Comment la notion de patrimoine se renouvèle-t-elle aujourd’hui ? Comment fait-on vivre la ville au travers du patrimoine existant ? Quelle place ont les Maires dans la préservation du patrimoine ? Comment fabrique-t-on le patrimoine à partir d’objets olympiques et sportifs en général ? Quel lien entre patrimoine et tourisme ?