Tananarive : le grand marché du vendredi en 1952

🎞️ Par la création d’une bibliographie commentée d’extraits de films de sources variées (INA, Gaumont-Pathé…), il est intéressant d’essayer de comprendre d’une part comment ont été fabriquées les villes francophones et d’autre part comment les villes peuvent tirer profit du cinéma pour mettre en valeur leur territoire. L’idée est aussi d’interroger l’exploration d’un monde urbain francophone par le prisme du cinéma et de réfléchir ensemble à construire un dispositif pédagogique pour aider les Maires à imager leur ville.

Tananarive : le grand marché du vendredi en 1952 ; archive INA CAF97044074

Comment lire les villes d’aujourd’hui ? Pour une part sans doute en revenant sur les bouleversements passés qui ont effacé bien des traces en leur substituant d’autres, qui ont marqué les différentes étapes des sociétés, y compris la page délicate de la colonisation. Les archives de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) explorent ainsi les opérations d’urbanisation qui se sont déroulées après la Seconde Guerre mondiale. Elles rapportent le projet de transformation et d’extension du tissu urbain dans toutes les villes, dans le périmètre métropolitain comme dans les territoires colonisés.

Les images de ces archives exposent les chantiers, les bâtiments neufs, l’idée martelée d’un confort amélioré. Les commentaires rappellent les ambitions inspirées par un hygiénisme encore dominant : de généreux espaces publics ; une spécialisation des fonctions urbaines qui se voulait au service des habitants ; des grands ensembles pour offrir les normes de confort au plus grand nombre. Mais les extraits oublient de souligner comment les villes modernes ont fragilisé le patrimoine et les populations. Les quartiers des habitants locaux étaient absolument distincts des quartiers des colons, si bien qu’il n’était plus même nécessaire de faire ce rappel.

Comme d’autres extraits de film, ce reportage sur Antananarivo (Tananarive dans sa version francisée), diffusé pour la première fois le 13 octobre 1952, dans le JT 20H par le journaliste Jacques Perrot, ne présente aucun commentaire audible. Il s’en dégage une appréhension d’autant plus saisissante de quelques scènes de vie quotidienne dans l’espace public. Des habitantes traversent une vaste place sous leur ombrelle, d’autres surgissent d’un grand escalier, des charrettes à bras sont tirées par des hommes dans les rues de la ville, malgré la chaleur et le relief. En arrière-plan, on peut voir les bâtiments administratifs, des logements et les rues, dans une diversité de formes et de couleurs.

Tananarive est construite à flanc de collines, avec une ville haute traditionnelle et des quartiers bas, traduisant l’expansion urbaine dans les anciennes rizières. On y trouve de nombreuses rues en pente et de nombreux escaliers. Dans les petites rues de ces quartiers nouveaux, les constructions sont plus du type « petite ville française de province » que du type européen usuel plus ou moins haussmannien.

Bibliographie complémentaire : Esoavelommandroso Faranirina V. “Aménagement et occupation de l’espace dans la ville moyenne d’Antananarivo pendant la colonisation. (L’exemple du quartier d’Ankadifotsy.). In: Cahiers d’études africaines, vol. 25, n°99, 1985. Ségrégation spatiale, ségrégation sociale. pp. 337-361. URL : www.persee.fr/doc/cea_0008-0055_1985_num_25_99_1734

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