Dans le newsletter n°152, Sylvain Grisot, urbaniste et fondateur de dixit.net (agence de conseil et de recherche urbaine) nous rappelle que : “La meilleure façon de ne pas être déçu par cette édition de la COP28 est probablement de ne rien en attendre. De toute façon les chocs climatiques sont déjà là, et ils vont être plus fréquents, plus violents et toucher des territoires encore épargnés”.
Et nos villes posent problème, car elles concentrent les populations sur le littoral ou le long des cours d’eau, qui vivent mal l’îlot de chaleur urbain ou les inondations par ruissellement. Mais ces mêmes villes s’engagent déjà pour trouver des solutions : les 2/3 des dépenses liées au climat dans les pays de l’OCDE sont aujourd’hui réalisées par les institutions infra-étatiques.
Comme on l’a bien vu à Gatineau avec Maxime Pedeneaud-Jobin, les collectivités locales sont en première ligne des chocs climatiques, et elles doivent aussi apprendre à gérer des risques systémiques. Car la ville est un système complexe largement interconnecté, et au-delà de son impact direct, le choc peut entraîner des effets en cascade parfois pendant très longtemps.
Il a aussi des impacts différents selon les territoires et les populations avec trop souvent une plus forte exposition des plus précaires. Une canicule même brève a des effets délétères sur la santé des plus fragiles, mais elle peut aussi perturber les réseaux de transport ou provoquer la fermeture des écoles, avec des impacts économiques en cascade. La crise du Covid et ses ramifications montrent bien combien il est difficile d’anticiper comment un choc va se diffuser dans le système urbain.
Alors, comment penser les risques systémiques ? Un récent rapport de l’OCDE donne des pistes intéressantes, j’en tire quelques idées clefs :
- D’abord sortir des silos, et analyser les risques au-delà de leurs seuls impacts directs sur les infrastructures et les services, en élargissant l’analyse au secteur économique et aux impacts sociaux. Il faut aussi comprendre les effets asymétriques des chocs selon les lieux et les populations.
- Ensuite, investir prioritairement dans des actions qui permettent d’avoir des effets sur positifs plusieurs systèmes en même temps. On retrouve ici la notion de cobénéfices, avec les infrastructures vertes en bonne place, auxquelles j’ajoute les infrastructures sociales de résilience, avec ces liens du quotidien qui sauvent quand la crise est là.
- Mobiliser précocement les communautés locales lors de l’élaboration des stratégies de gestion de risques, dans des processus transparents. Non seulement ce sont les premières à intervenir en cas de crise, mais certaines actions comme le retrait de secteurs à risques nécessitent une très forte appropriation pour fonctionner.
Reste a passer des principes au réel, et ce n’est pas le plus simple. Et si les territoires insulaires français montraient la voie ? Ils sont souvent en première ligne des chocs climatiques, des enjeux de disponibilités des ressources et ont déjà une culture du risque. Reste à mettre en œuvre des modes de développement urbains conscients de ces enjeux…
Ressources associées :
✉️ Lire la newsletter n°152 sur dixit.net : “?️ Avant l’orage”
✉️ Lire la newsletter n°149 sur dixit.net : “♒ Écouter Gatineau”
🎧 Écoutez le Podcast à Maxime Pedeneaud-Jobin (ancien Maire de Gatineau de 2013 à 2021)
📙 Lire le livre : “Libérer les villes – Pour une réforme du monde municipal”, de Maxime Pedeneaud-Jobin.