Dans la newsletter n°168 de dixit.net (agence de conseil et de recherche urbaine), Camille Tabart (étudiante en M2 Urbanisme et Aménagement Action locale et Projet de Territoire (APTER) à l’Université de Toulouse Jean Jaurès), nous rappelle que le secteur du bâtiment est le second secteur émetteur de gaz à effet de serre en France. La recherche de nouveaux matériaux moins gourmands en CO2 constitue une réponse pour réduire la facture carbone du secteur.
Mais un matériau décarboné l’est-il vraiment s’il est produit à l’autre bout de l’Europe ? L’empreinte carbone liée au transport des matériaux ne doit pas être négligée. Les entreprises doivent ainsi réfléchir non pas seulement à l’innovation en termes de produits, mais également en termes de procédés, pour proposer un maillage territorial diminuant les kilomètres entre lieu de production et lieu d’utilisation.
Nous sommes allés à la rencontre de deux entreprises de la métropole nantaise, qui proposent des produits innovants pour répondre aux enjeux de la fabrique de la ville, mais qui ont aussi réfléchi à comment diffuser leurs produits dans toute la France en essayant de réduire au maximum le nombre de kilomètres parcourus.
La première entreprise, ZoïdCity, est une société qui propose une solution à la sous-occupation des bâtis et facilite leur réemploi. A la manière des poupées russes, l’idée est de construire dans des enveloppes bâties non-utilisées, des modules en bois : les zoïds. Ainsi pas besoin d’isoler l’intégralité du bâtiment, ou de commencer d’importants travaux de réhabilitation pour réutiliser l’espace et intensifier ses usages. Chacun peut créer un volume adapté à ses besoins avec un ou plusieurs modules, et le modifier à mesure que les usages évoluent. La construction et la modification des zoïds est d’autant plus facile que les plans détaillés sont disponibles en open source sur le site internet de l’entreprise. La société ne vend que les pièces métalliques spécifiques et nécessaires à la structure du bâtiment. Ainsi les zoïds peuvent être construits par les charpentiers locaux avec du bois, seules les pièces métalliques voyagent à travers les territoires.
La seconde entreprise rencontrée est Bat’ipac, une société vendant des panneaux isolants en carton. Un matériaux isolant recyclé et recyclable qui s’appuie sur un maillage territorial fin pour l’approvisionnement en matière première, le carton. En effet Bat’ipac travaille avec une entreprise de recyclage du carton qui a des unités de production partout en France. L’approvisionnement et la production des panneaux isolants se fait au plus proche des lieux d’utilisation, pour cela l’entreprise a développé une ligne de production légère s’appuyant sur les établissements et services d’aide par le travail (ESAT). Ainsi l’entreprise réduit son empreinte carbone tout en permettant à des personnes éloignées du travail de se réinsérer.