Art et urbanisme : de la cerise sur le gâteau au clafoutis

Pascal Le Brun-Cordier (Directeur artistique et professeur associé à l’École des arts de la Sorbonne, où il est responsable du master Projets culturels dans l’espace public), revient dans “Bruits de villes” de la Revue Urbanisme sur la nécessité d’incorporer une participation collective dans les politiques culturelles. Découvrez son entretien réalisé par Maider Darricau dans le n° 438 consacré à l’art dans la ville.

Coordinateur de Villes In Vivo, un réseau d’acteurs culturels et urbains, il associe ses recherches à sa pratique et conçoit des projets artistiques en espace public et d’urbanisme culturel. Il est coauteur de La Ville relationnelle  (Éditions Apogée, 2024), avec Sonia Lavadinho et Yves Winkin.

Pourriez-vous définir les dimensions théoriques et académiques de l’urbanisme culturel ?

L’urbanisme culturel est un champ de pratiques et de recherches assez jeune dont les acteurs ne partagent pas nécessairement les mêmes idées, méthodes et objectifs ; il est donc difficile de vous répondre. Néanmoins, une dizaine d’entre eux, dont je fais partie, cofondateurs du Mouvement de l’urbanisme culturel, fin 2023, ont entrepris d’élaborer leur définition :

« Inscrit dans les enjeux contemporains des transitions, l’urbanisme culturel regroupe un ensemble de pratiques qui contribuent à la transformation des territoires en vue de leur meilleure habitabilité. S’appuyant sur des interventions artistiques et culturelles situées, l’urbanisme culturel crée les conditions de la capacité à agir pour toutes les parties prenantes et influe sur les modes opératoires de la fabrique territoriale ».

Pour le dire autrement, nous envisageons la profondeur de la dimension culturelle, une nécessité absolue à l’heure des transitions/bifurcations en cours, ainsi que la puissance et la finesse de la création artistique (arts visuels et arts vivants) dans les différentes phases de la fabrique urbaine officielle, notamment pour les enrichir, comme en dehors des processus institutionnels de la production urbaine, pour faire advenir des urbanités vivables, soit soutenables et hospitalières ; vivantes, c’est-à-dire animées et politiques ; enfin, vibrantes, soit désirables et inspirantes.

Les interventions artistiques et culturelles que nous développons sont à la fois in situ, contextuelles ; in vivo, ancrées dans des dynamiques sociales ; et pensées comme des moyens pour transformer les territoires. Nous considérons que la création artistique peut être mobilisée à toutes les étapes des projets urbanistiques, et pas uniquement à la fin. J’ai coutume de dire qu’à la cerise sur le gâteau, l’œuvre posée sur l’espace public, nous préférons le clafoutis, c’est-à-dire les démarches artistiques intégrées dans la fabrique urbaine, dans les phases d’enquête notamment, où via le sensible et l’imaginaire, grâce à des artistes sismographes et des outils souvent décalés et engageants, comme la psychanalyse urbaine, nous parvenons à voir, entendre ou sentir autrement les situations, et à embarquer plus de monde.

On passe donc d’un art posé sur la ville à un art intégré dans un contexte, qui n’est pas un simple exhausteur de goût, pour ajouter une touche de beau, mais un ingrédient possiblement déterminant d’une situation urbaine, pensé en dialogue avec les citoyens et les acteurs classiques de la fabrique urbaine. On retrouve l’idée de la ville comme œuvre collective avancée par Henri Lefebvre dans Le Droit à la ville.

👀 Lire la suite de cet article dans le n°438 de la Revue Urbanisme consacré à l’art dans la ville.

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