Cet article (à lire en intégralité), publié le 22 septembre 2022 dans “The conversation France”* par Joël Noret, Professeur d’anthropologie à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), pose la question la construction de logements au Bénin.
Le professeur dit combien la possession d’une maison en Afrique distingue les uns des autres à la fois dans l’ordre matériel des conditions d’existence et dans l’ordre symbolique de la reconnaissance sociale : “Construire et habiter chez soi sont, au Bénin comme dans bien d’autres pays d’Afrique (Togo, Mali, Tanzanie, Botswana…), des ambitions largement partagées par tous ceux qui, des classes populaires aux élites, parviennent à s’assurer des revenus un minimum stables et suffisants pour dégager une certaine épargne (…). En particulier, dans une société où l’on répète volontiers que « si tu n’as rien, tu n’es rien », construire et habiter son chez soi est une manière essentielle de s’affirmer en tant qu’homme“.
Mais la maison peut aussi devenir, en particulier dans les milieux populaires et les classes moyennes, un moyen d’accumulation : “Dans les fractions supérieures des classes moyennes et parmi les élites, on investit volontiers dans l’achat de parcelles, à des fins spéculatives car la croissance démographique et la croissance urbaine font monter rapidement le prix des terrains à bâtir, ou pour y construire des logements destinés à la mise en location. Dans les classes populaires et fractions inférieures des classes moyennes, c’est davantage la parcelle d’habitation elle-même qui accueille ces projets d’accumulation et de diversification de ses sources de revenus“.
Pourtant, posséder sa maison est loin d’être toujours un acte économique et financier rationnel, et cela peux créer encore plus de disparités sociales : “Entre ceux qui seront parvenus à bâtir leur propre édifice et ceux qui, pour des raisons diverses, y auront échoué, passe une double ligne de partage, qui distingue les uns des autres à la fois dans l’ordre matériel des conditions d’existence et dans l’ordre symbolique de la reconnaissance sociale”.
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