Le fait urbain est fondamentalement une construction longue et plurielle

Selon Boulbir Laala, Docteur architecte-urbaniste algérien : “L’histoire des villes et leur évolution contemporaine nous apprennent tous les jours que la rue est loin de s’en réduire au dessin originaire d’un urbaniste, ou au règlement d’un édile ou au cahier des charges d’un quelconque aménageur, aussi déterminés soient-ils. Il s’agit d’une construction complexe et évolutive qui engage la société et son contexte, le long d’un processus incertain et combien non linéaire“.

Aux bâtisses alignées sous un certain ordre végétalisé, rythme, ou arcadé, aux configurations basses ou hausses, viennent s’y substituer subitement, aux coins et aux tournants des constructions singulières qui se distinguent par leurs forme, style et fonction : des immeubles de rapport, des palais résidentiels, des centres d’affaires, des hôtels, des grands magasins, ou des hauts standings de promotion immobilière.

Peu importe que les nostalgiques y résistent ou que le contexte de cités jardins, de promenade ou de résidence n’en convient pas. Le capital qui s’en tient à une stricte logique de profit et de rentabilité, y voit-il des choses que les profanes n’y voient pas où est-ce simplement un rapport de force dont on ne perçoit que le résultat ? C’est aux anthropologues de sortir de leur classes pour nous éclairer sur ces questions qui touchent à notre quotidienneté.

Et pourtant c’est justement à cette bourgeoisie, bénéfique ou maléfique, que revient le mérite d’avoir forcé la transformation de certains morceaux de villes et augurer leur déchaînement de certains règlements de Plan d’Occupation des Sols (POS) qui s’abstiennent à raisonner plus par sentiment patrimonialiste conservateur, que par transformation adaptative à un changement rampant et inéluctable.

Toutefois, toutes les rues ne subissent pas la même vague de mutation socio-spatiale, ce sont surtout celles qui suscitent l’intérêt et l’admiration des bourgeois et des esthètes, et dont l’appropriation alimente un imaginaire de représentation sociale et de fructification du capital.

C’est alors que s’acheminent par effet de destin des hommes ressourcés, issus d’horizons géographiques et culturels forts différents pour greffer aux axes structurants de nouvelles formes et styles architecturaux, inspirés du terroir soufi ou berbère, ou encore de la modernité générique, conférant à la façade urbaine une posture folklorique et éclectique.

Rien ne peut résister à cet amalgame pluriel et incertain qui refaçonne le rez de ville, de nos rues et la Skyline des alignements selon des matériaux, des couleurs, des styles et des enseignes nuancés. Pas même ces règles durbanisme et ces cahiers des charges, tout est question de temps et de volonté des Hommes.

 

 

 

 

 

 

Ressources documentaires

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires