La Poste, la ville de Bordeaux et Bordeaux Métropole ont formalisé fin avril 2023 une convention de partenariat visant à renforcer leur collaboration en faveur d’une logistique urbaine décarbonée. En attendant la prochaine feuille de route métropolitaine dédiée à la question, elle envisage fret fluvial, création de sites dédiés à la gestion du dernier kilomètre, conciergerie automatisée ou massification des livraisons à vélo.
Dira-t-on bientôt adieu aux voitures, camionnettes et autres fourgons diesel dédiés à la livraison dans les rues de la Métropole ? Entre congestion urbaine et dégradation de la qualité de l’air et débat en cours sur les modalités de mise en œuvre de la future zone à faibles émissions (ZFE), le sujet fait partie de la politique urbaine de Pierre Hurmic, Maire de Bordeaux qui était donc particulièrement bien placé pour accueillir vendredi, au titre de la Ville et de la Métropole, Philippe Wahl, PDG du groupe La Poste.
L’objet de la rencontre est de formaliser la nouvelle convention de partenariat qui unit désormais les deux collectivités locales et l’opérateur public autour du futur de la logistique urbaine. Et si l’on reproche souvent à ce genre de documents leur caractère incantatoire, le président-directeur général s’est voulu à la fois optimiste et pragmatique :
« Nous avons aujourd’hui tous les instruments techniques pour décarboner complètement les flux logistiques à l’échelle de Bordeaux et de Bordeaux Métropole »,
Philippe Wahl, PDG du groupe La Poste.
Un maillage plus fin, et des coopérations sur l’électrique
Sept « leviers d’action », ou de réflexion, composent la convention, avec l’ambition de créer les conditions propices au développement de livraisons « propres », réalisées soit en véhicule électrique, soit en vélo-cargo, tout en optimisant au maximum les déplacements nécessaires.
Pour ce faire, les trois partenaires souhaitent par exemple mettre en place, d’ici 2025, un dispositif incitatif de réception mutualisée des approvisionnements ou des marchandises en centre-ville, pour les commerçants, les entreprises ou les établissements publics.
Dans la même logique, la convention prévoit, sans objectif chiffré, la création d’un réseau plus dense de points-relais ou de consignes automatiques, destinés là aussi à réduire le nombre de mouvements en compte propre, tout en soutenant les efforts logistiques liés au développement d’une flotte de véhicules électriques pour la Poste.
« Nous avons besoin de la Ville et de la Métropole pour nous aider à identifier les sites susceptibles d’accueillir soit des espaces de stockage, soit des points de recharge pour nos flottes de vélo-cargo, qu’ils soient dans des bâtiments publics ou chez des opérateurs privés », éclaire un cadre de la Poste.
La question du foncier fait également partie des axes les plus stratégiques du partenariat. Un sujet complexe, dans lequel le politique s’invite régulièrement. D’un côté, la Poste a besoin de nouveaux sites pour opérer sa logistique, à l’image des 12.000 m² récemment obtenus sur l’arrière de la base sous-marine. De l’autre, les collectivités locales demandent à ce que l’opérateur ne ferme pas les bureaux de poste victimes de la transition du courrier vers le colis.
Un partenariat qui pourrait en appeler d’autres
Outre l’incontournable engagement sur la mise en place d’échanges d’expertise régulier entre les parties prenantes, la convention prévoit enfin le renforcement des flottes de véhicules à émissions faibles ou nulles opérées par la Poste, qui revendique déjà la première flotte de véhicules électriques d’Europe, et le développement de la cyclo-logistique, axe sur lequel La Poste a récemment commandé 1.000 vélos cargos auprès de VUF Bikes et un constructeur spécialisé basé à Mérignac.
« Il est indispensable que la Ville dispose de lieux et de circuits optimisés pour la logistique urbaine, dans l’optique de décongestionner et décarboner nos rues »,
Pierre Hurmic, Maire de Bordeaux
Le Maire de Bordeaux souligne la nécessité de développer rapidement les relations avec d’autres « opérateurs qualifiés ». Notamment pour explorer d’autres voies comme celles du fret fluvial, objet d’expérimentations récentes, qualifiées de très prometteuses par le maire de Bordeaux. Ce retour du fret sur la Garonne s’inscrit dans le schéma directeur des équipements fluviaux métropolitains, qui vise à mieux utiliser le fleuve au quotidien. La Métropole et la municipalité essaient de s’inspirer de ce qui existe déjà à Strasbourg ou à Lyon : le transport de marchandises sur le fleuve pour gagner le centre-ville.
Convaincu que la transformation de la logistique urbaine fait désormais partie des « grandes causes » de tous les grands ensembles urbains, selon Philippe Wahl, La Poste a vocation à multiplier les conventions de ce type avec chacune des 23 métropoles de France, puis avec les grandes agglomérations, en tenant compte des besoins et des possibilités spécifiques à chacune.
« La géographie modèle les conventions parce qu’elle modèle les besoins », estime-t-il.
À Bordeaux, où la Poste rappelle fièrement avoir mené ses premières expérimentations dès 2014, le sujet figure à l’agenda du prochain conseil métropolitain, qui doit voter en mai une feuille de route visant à définir à la fois ses objectifs et ses attentes vis-à-vis de l’écosystème logistique local, ainsi qu’un « plan d’actions opérationnel sur le court terme (2023-2026), avec moyens humains et financiers adaptés ».