Mixité sociale, bien-être et vivre-ensemble

“A mes yeux, l’urbanisme permet la production d’une pluralité de modalités d’existence pour un ensemble (la société), tout en prenant en compte chacune de ses parties (les citoyens). C’est une condition sine qua non du bien-être et du vivre-ensemble”. Découvrez la carte poster envoyée par Ivan Debernardi, étudiant en Master d’urbanisme à l’Université Bordeaux Montaigne.

Trois villes (Marseille, Lille et Bordeaux) : une pluralité de modalités d’existence

  • Marseille Trop Puissant (Marseille) : Les volets bleus des habitations nous rappellent la couleur du maillot du club de foot de la ville de Marseille ; club dont Marseille Trop Puissant est l’un des groupes de supporters. La popularité et l’importance du club pour les Marseillais font écho aux valeurs de cette ville multiculturelle emblématique de la francophonie : mérite, dépassement de soi, esprit d’équipe, plaisir. Ici, l’apparent vide de la place contraste avec l’intense activité qui y a lieu. Ce contraste rend d’autant plus visibles l’éclatante capacité d’adaptation ainsi que l’inventivité des plus jeunes pour s’approprier l’espace. Cette vitalité est un plaidoyer vivant pour l’écoute et la prise en compte des aspirations et de l’imagination des nouvelles générations. Seule une perspective ascendante et inclusive dans la réalisation de la ville permettra d’en exprimer l’ensemble des potentialités : tumultueuse et apaisée, traditionnelle et moderne, naturelle et culturelle.

  • Des murs et des hommes (Lille) : Le quartier de Wazemmes à Lille est symptomatique d’un processus que l’on retrouve dans beaucoup de villes : la gentrification. Ce processus est révélateur d’un paradoxe intéressant; quasi aporétique. En effet, le processus de gentrification est souvent précédé par un réinvestissement dudit quartier demandé par ses habitants et opéré par la puissance publique (rénovation urbaine, transport, équipement public…). Cela a pour conséquence l’arrivée de nouvelles populations disposant de plus de capital (économique, social, culturel…), et l’éviction d’anciennes populations. On peut cependant considérer que c’est un phénomène de mixité sociale qui est à l’œuvre ; et il s’agit alors d’en tirer les bénéfices, tout en en mitigeant les inconvénients. La réponse ne peut qu’être d’ordre politique et urbanistique. Cela passe nécessairement par un changement de paradigme : substituer au concept de mixité sociale que des murs, souvent invisibles, rendent inefficace, celui de miscibilité sociale.

  • Jeu d’échelle (Bordeaux) : Le quartier du Grand Parc à Bordeaux fait partie du patrimoine mondial de l’UNESCO. Il est symbolique de la vitalité d’une époque, celle des 30 Glorieuses et des grands ensembles, durant laquelle il a fallu construire vite et en quantité pour loger une population qui croissait rapidement, que ce soit par les naissances ou les migrations. L’une de ses caractéristiques est qu’il est proche du centre bordelais et ceint par des quartiers très favorisés d’un point de vue socio-économique. Tout l’enjeu durant les dernières décennies et l’important développement qu’a connu la métropole était donc d’insérer et de faire communiquer le quartier avec son environnement et la ville. Cette communication passait nécessairement par l’élaboration d’un nouveau langage, celui de l’altérité. Car c’est la pensée enrichissante d’un “autre” qui permet de “nous” construire : d’autres modes de vie, d’autres façons d’habiter et de circuler, d’autres représentations, d’autres formes urbaines…

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