Selon Boulbir Laala, Docteur architecte-urbaniste algérien : “Avant qu’elle ne soit l’œuvre d’architectes et urbanistes, la ville algérienne, cette complexité évolutive, serait la résultante toujours temporaire d’une interaction des forces sociales autour d’enjeux et de ressources territoriales, et dont la régulation engage le gouvernement et son écologie géopolitique“.

Le discours ayant prévalu après l’indépendance était celui d’une politique de rééquilibrage du territoire national en actionnant un redéploiement des populations et des activités en faveur des hauts plateaux. Le projet de modernisation de la société s’était fondé sur l’industrialisation lourde entraînante, mais aussi et surtout sur l’équipement des territoires.

Parallèlement aux lotissements communaux, les opérations de ZHUN initiées en extensions urbaines incarnaient le modèle des cités jardins et un mode de vie industriel. Les circulations étaient hiérarchisées et distinguées et les enfants et autres avaient leurs espaces de jeu et de récréation. Le traîne dans la réalisation des équipements structurants ne permettait pas à ces espaces monofonctionnels d’intégrer à temps une centralité structurante pour devenir des cités dortoirs.

La désindustrialisation entamée à partir de 1986 remet en cause le projet de société industrielle et collectiviste ainsi que ses faits urbains (villages socialistes, cités ouvrières, lotissements RFC). L’industrie qui répondait à un plan de charges avait pourtant bien exercé des effets d’entraînement sur tout l’hinterland des pôles urbano-industriels et portuaires et porté la modernité aux recoins de la ruralité longtemps meurtrie par la colonisation.

Avec la chute du mur de Berlin, la Mondialisation néolibérale impose partout son discours en faveur d’un projet de société de marché qui tend à arracher les grandes villes de leur territoire d’ancrage pour les replacer dans un réseau mondial de villes où les structurations et les rayonnements tiennent plus aux flux d’échanges qu’aux infrastructures. L’enjeu des compétitions étant la fructification des capitaux voltigeants.

Le projet de société libérale véhicule l’insularité résidentielle, la segmentation de l’offre et de la demande en logements, la concentration, la densification et la métropolisation. Le nouveau projet de ville propose des édifices promotionnels denses et élancés, avec un minimum d’espaces verts et de stationnement, sinon des villes chaotiques avec des tours qui poussent en plein tissu pavillonnaire, faisant fi des règles.