L’Union des municipalités du Québec (UMQ), est un organisme complexe qui regroupe 390 municipalités, petites et grandes, et qui doit défendre une quantité considérable de dossiers très proches des gens, allant de l’habitation à la lutte contre l’itinérance en passant par la police, la sécurité publique, le transport collectif, la fiscalité, la propreté.
Après deux ans à la présidence de l’Union des Municipalités du Québec, Daniel Côté, qui a quitté ses fonctions lors des Assises de l’UMQ, revient sur les 3 thématiques prioritaires sur lesquelles il a travaillé :
“J’ai pu faire bouger les lignes sur les trois grandes politiques que j’avais jugées prioritaires à mon arrivée, soit les changements climatiques, le développement économique régional et l’inclusion“, dit l’élu de 43 ans.
Élu pour deux ans en 2021, Daniel Côté n’a pas eu à goûter à ce qui sera le gros morceau du mandat de M. Martin Damphousse, son successeur, : la renégociation du fameux “Pacte fiscal”, un exercice qui revient tous les quatre ans depuis 2012, et dont la quatrième occurrence est prévue pour 2024. Ça fait longtemps que la croissance économique est détachée de la valeur foncière, qui est la principale assise fiscale des municipalités. Or, il faudrait que les municipalités puissent taxer la nouvelle richesse qui se crée en dehors du foncier car les villes reçoivent de plus en plus de responsabilités, que ce soit la lutte contre l’itinérance, l’habitation, les changements climatiques…
Le changement de discours sur le climat
En matière de changements climatiques, il estime avoir contribué à modifier le discours du gouvernement québécois, qui était essentiellement axé sur la lutte. Car même si les gouvernements atteignaient tous leurs objectifs de lutte (chose de moins en moins probable), les villes devraient tout de même composer avec les effets des changements climatiques, qui toucheront particulièrement deux de leurs fonctions fondamentales : la voirie et la gestion de l’eau.
L’UMQ a mandaté la firme de génie WSP et le groupe de recherche Ouranos afin de réaliser une étude sur le sujet, laquelle évalue les répercussions entre 1,7 et 2,7 milliards de dollars par an pour les municipalités jusqu’en 2050. Selon ce même document, 43 % de la facture ira à la voirie (routes, ponceaux, lutte contre l’érosion) et 54 % concernera la gestion des eaux (potable, fluviale, usées).
“Il faut continuer de lutter contre les changements climatiques, mais il faut aussi s’y adapter. C’est une nouvelle réalité (…). On avait zéro contribution pour cela et on a amené le gouvernement à créer les premiers programmes, qui se chiffrent désormais à quelques centaines de millions de dollars par an. C’est en deçà des besoins, mais il a déjà fait un bout de chemin“, Daniel Côté, Maire de Gaspé.
Le développement économique régional
Lors de sa tournée des régions de l’été 2022, Daniel Côté a rencontré plus de 400 élus de toutes les régions. Outre de lui avoir permis de développer une vision concrète du travail de ses collègues, ces visites ont affermi sa conviction qu’il ne s’était pas trompé en faisant porter son action économique sur la crise du logement et la pénurie de main-d’œuvre, qui freine tout le développement régional.
En novembre 2021, l’UMQ s’est jointe au Conseil du patronat et à quatre autres organismes économiques nationaux pour réclamer un plan et proposer une série de mesures, que le gouvernement a repris 10 jours plus tard dans son Opération main-d’œuvre. Les premières actions tournaient autour de mesures fiscales, du maintien des travailleurs d’expérience et de l’automatisation des entreprises.
Mais la pièce maîtresse de cette action est sur le point d’aboutir : il s’agit d’une stratégie nationale de régionalisation de l’immigration. Le Maire de Gaspé explique qu’il faut travailler sur l’immigration primaire, celle qui concerne l’établissement direct en région dès la descente de l’avion.
“Il existe un déséquilibre très important. Les régions représentent 50 % des besoins de main-d’œuvre, mais la région montréalaise reçoit 80 % des immigrants“, Daniel Côté, Maire de Gaspé.
La crise du logement est l’autre gros frein au développement régional auquel le Maire de Gaspé s’est attaqué. L’UMQ s’était réjouie de voir le gouvernement créer un partenariat public-privé appelé Programme d’habitation abordable Québec, mais Daniel Côté se dit très déçu que le gouvernement en ait profité pour abolir le programme AccèsLogis, qui favorisait le développement de projets par des OBNL.
“L’habitation est le genre de problème à causes multiples qui suppose qu’il faille s’attaquer au problème de plusieurs manières. La pénurie de main-d’œuvre nuit au secteur de la construction, mais les entrepreneurs doivent aussi composer avec la surchauffe du prix des matériaux, qui ont augmenté de 30 %, trois fois plus que l’inflation. Mais pour la première fois, l’habitation a désormais son ministère, ce n’est pas rien“, Daniel Côté, Maire de Gaspé.
L’inclusion
En matière d’inclusion, Daniel Côté a voulu porter l’action sur l’immigration, mais aussi sur les Premières Nations et la représentation des villes à l’étranger.
“Vis-à-vis des Premières Nations, la première chose qu’on peut faire, en tant que municipalité, c’est d’encourager l’embauche de personnel autochtone. En tant que municipalité, nous pourrions également faire un geste symbolique fort autour des langues autochtones“, Daniel Côté, Maire de Gaspé.
Concernant l’inclusion, il a également œuvré à la représentation internationale des municipalités. Avec l’Association des Maires de France, il travaille à la création d’un sommet sur la coopération décentralisée.