M. Laala Boulbir, Docteur architecte-urbaniste algérien, se pose la question de savoir si c’est : Un confectionneur de prêt-à-porter ou un couturier de morceaux de tissus ?
Ce serait certainement un⸱e professionnel d’une grande culture et sensibilité, artiste, émotionnel, d’esprit évasif, qui arrive à soupeser visuellement les édifices et à les mettre en scène, à construire des formes urbaines et à les animer de jour et de nuit, à identifier des itinéraires et des perspectives. Il⸱Elle est bien conscient de l’incertitude du contexte, de ses superpositions multiples et de sa multidimensionnalité.
Il⸱Elle a par-dessus tout l’aptitude à transcrire les idées et intentions qui planent dans son imaginaire mental, comme il peut aussi traiter et représenter l’ensemble des données avec l’habilité requise, aussi bien dans des schémas conceptuels, des pièces graphiques de différentes natures et thématiques, que des règlements, des rapports de présentations, et autres moyens de communication qui soient les plus réalistes, synthétiques, communicatifs et expressifs. En bon anthropologue, il⸱elle est souvent là à mettre à contribution l’historicité des villes, la contemporanéité des mouvances, la mobilité des corps, tout en profitant des extensions offertes par les avancées technologiques.
À l’aune de la complexité, l’urbaniste est appelé à aller au-delà du tracé de la structure urbaine et de la réglementation des usages des sols, pour mettre en place des dispositifs adaptatifs générateurs de dynamiques maîtrisées, de jour et de nuit, d’hiver et d’été, et incarnant de l’attention, de l’esthétique, de l’ambiance et de la joie d’y être et de bien-être, avec pour finalité d’y faire émerveiller les habitants et les visiteurs.
Avec la crise de pouvoir qui traverse l’urbanisme, l’urbaniste est appelé à faire de la comptabilité et de la didactique et à plaider la cause de la collectivité devant un jury composé de profanes, de spéculateurs et de politiques pour conférer de la légitimité à l’action publique urbaine et faire partager les images et les intérêts en jeu.
L’urbaniste n’est plus dans la situation confortable de jadis, de maître tailleur incontestable pour faire des costumes urbains correspondant à ses fantasmes et imaginaires (Brasilia, Chandigarh,…), il est souvent là à projeter des intérêts qu’il essaye de faire partager, les formes urbaines qu’il dessine ne sont que la résultante de compromis.
C’est l’ère des incertitudes.